Le troisième des piliers sur lesquels repose l'action de la coalition internationale pour le Sahel concerne le soutien au retour de l'État et des administrations sur le territoire. C'est bien parce qu'une partie des États sahéliens ne parviennent pas à reprendre pied sur leur territoire que les succès tactiques remportés par Barkhane tardent à se transformer en réelle victoire stratégique.
C'est pourquoi, un an après le sursaut militaire décidé à Pau, les chefs d'État réunis à N'Djamena ont appelé de leurs voeux un sursaut politique et civil afin d'assurer le redéploiement des administrations et des services de base au profit des populations – j'insiste : au profit des populations.
En effet, on souligne souvent la nécessité du retour de l'État sans avoir conscience que, pour une partie des populations sahéliennes, l'État n'a jamais été présent, ou que sa présence n'a pas toujours été salutaire. Face à la violence abjecte des groupes armés terroristes, de nouvelles politiques publiques sont donc à inventer pour garantir l'accès des populations à l'éducation, à la santé, à la sécurité ou encore à une justice robuste et équitable, de façon à résoudre de manière pacifique les conflits fonciers qui opposent pasteurs nomades et agriculteurs sédentaires.
La restauration de la confiance entre les populations et la puissance publique suppose aussi d'améliorer la répartition des richesses et de lutter contre la corruption d'une part et contre l'impunité d'autre part, deux poisons qui font le lit du terrorisme. À N'Djamena, les États sahéliens se sont certes engagés à conduire les réformes structurelles nécessaires en faveur d'une gouvernance transparente, inclusive et efficace, mais comment s'assurer de la traduction concrète de ces engagements ? Les Nations unies et l'Union européenne sont-elles bien au rendez-vous sur ces questions primordiales ?