En prenant la parole dans cet hémicycle, je pense aux chasseurs de Conti cavalerie et aux hussards de Chamborant tombés ces derniers mois au Sahel. Je pense aux mots de Jean-Marie Bockel, qui sait le prix du sang, pour y avoir perdu un fils. Ce sont des morts de trop ; qu'ils ne soient pas morts pour rien ! Ils sont tombés à la demande de pays amis, nos alliés africains, pour protéger les populations, pour assurer la sécurité de la France – qui se joue aussi dans les boucles du Niger – , pour contribuer au contrôle des flux migratoires et, surtout, pour éviter que ne se crée là-bas une forme de califat, qui pourrait s'étendre jusqu'au golfe de Guinée, au Sénégal ou à la Côte d'Ivoire, sous les auspices de l'EIGS ou du RIVM.
Je tiens à saluer les mots forts du Président de la République, qui a rappelé le sens de notre engagement et confirmé sa pérennité. C'est une guerre dans laquelle il n'y aura pas d'Austerlitz, ni de défilé de la victoire : il n'y aura que des succès tactiques méconnus et des pertes, hélas, trop connues. Mais ne pas perdre, c'est déjà gagner. Pour le moral de nos forces, l'arrière doit tenir et nous, représentation nationale, en faisons partie. Nos hommes là-bas sont les sentinelles avancées de l'Europe.
Je souhaitais vous poser une question sur l'engagement de nos partenaires, mais vous y avez largement répondu. Je me concentrerai donc sur l'engagement allemand, sous toutes ses formes, sur lequel je souhaiterais que vous fassiez un point précis. Il doit être scruté avec soin ; le refus allemand de s'engager dans la force Takuba a été un mauvais signal pour nous, à l'heure où vous menez, madame la ministre, des négociations difficiles relatives au programme SCAF – système de combat aérien du futur. Il y a quelque indécence à réclamer des droits de propriété intellectuelle sur le patrimoine industriel français, alors même que l'on refuse de payer le prix du sang. La construction de l'Europe de la défense suppose le développement de capacités communes, mais aussi un engagement au coude à coude.