Intervention de Claude de Ganay

Séance en hémicycle du jeudi 4 mars 2021 à 9h00
Politiques de la france au sahel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude de Ganay :

Un an après le sommet de Pau, qui a porté à 5 100 le nombre de nos soldats engagés dans Barkhane, nous constatons malheureusement que la situation sécuritaire au Sahel ne s'est pas améliorée, notamment pour les civils. Pourtant, les quatre piliers définis à Pau par le Président de la République – vous les avez rappelés, monsieur le ministre – étaient et demeurent pertinents.

Pour lutter contre le terrorisme, nous avons adopté une politique d'assassinats ciblés visant à neutraliser les chefs de l'EIGS et du RIVM, grâce à nos services de renseignement et à l'appui américain. Ces éliminations permettent-elles de déstabiliser durablement les organisations concernées ? Ne risque-t-on pas, face à l'hydre islamiste, de voir les têtes coupées repousser aussitôt ?

Le renforcement des capacités militaires propres des pays du G5 Sahel s'est concrétisé, notamment par les opérations Bourrasque et Éclipse. Ces armées parviennent-elles suffisamment à se faire accepter par les populations locales ? Ne devraient-elles pas sortir de leur logique de garnison et aller davantage à la rencontre de ces dernières ?

Rétablir l'État et ses services publics sur l'ensemble du territoire sahélien nécessite d'associer l'ensemble des populations de ces États multiethniques. Bien entendu, la France ne négocie pas avec les islamistes. En revanche, peut-on envisager d'engager le dialogue avec des organisations séparatistes comme le MNLA – Mouvement national de libération de l'Azawad – en vue de démilitariser la région et de se concentrer de nouveau sur la lutte contre le terrorisme islamiste ?

J'évoquerai pour finir le développement, que vous appelez de vos voeux, monsieur le ministre, notamment grâce à l'Alliance Sahel. Le directeur général de l'AFD a récemment affirmé que nous sommes de plus en plus aptes à intervenir dans les zones de grande insécurité, celles-là mêmes qui ont le plus besoin d'infrastructures. Les forces armées sahéliennes sont-elles formées pour protéger ces infrastructures, dans une logique d'unités militaires de proximité ?

Notre action stratégique au Sahel est perfectible. Dans la continuité du sommet de N'Djamena, nous devons tirer les leçons de cette action, tout en insistant auprès de l'opinion publique française sur son bien-fondé. Si nous abandonnions le Sahel, nous en paierions les conséquences en matière de terrorisme et d'immigration illégale sur le territoire national.

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