Intervention de Isabelle Santiago

Séance en hémicycle du jeudi 4 mars 2021 à 9h00
Rôle des banques et des assurances dans la crise de la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Santiago :

Avec 1 850 milliards d'euros pour le Pandemic Emergency Purchase Programme de la Banque centrale européenne, 1 500 milliards pour le plan américain équivalent et 2 400 milliards pour le programme d'achats d'actifs de la BCE, la quasi-création monétaire au moyen de mesures d'assouplissement quantitatif est massive, même si elle reste inférieure à la création monétaire des banques privées.

Si aucun économiste sérieux n'établit plus de lien direct entre la création monétaire des banques centrales et l'inflation, les modalités de distribution de cette nouvelle monnaie, à savoir le rachat de titres financiers, alimente le risque de gonfler le prix de ces titres, et donc les risques de bulle financière sur les marchés financiers secondaires. Ainsi, la dette privée a bondi de 10 % en Europe et de 15 % en France, avec plus de 175 milliards d'euros en un an. C'est un signe très préoccupant qui inquiète la Banque de France comme le Conseil national de la productivité, peu suspects d'hétérodoxie, dans leur rapport de janvier.

Les agences de notation observent que le volume de dette pouvant être prochainement dégradée est de plus de 200 milliards d'euros. Pourtant, les obligations prudentielles des banques ont été un peu relâchées à l'été 2020, ce qui importe, car les grandes banques peuvent évaluer elles-mêmes leur propre niveau de risque pour contourner les règles de Bâle III.

Nous n'avons pas retenu les leçons de 2008 et courons droit vers une répétition, à cette différence toutefois que les États ne pourront pas éponger les dégâts, empêtrés eux aussi à la sortie de la crise sanitaire et économique. Pourrons-nous résister à la prochaine crise financière qui pourrait terrasser les banques et contaminer l'économie réelle ? J'ai bien peur que non, et je ne suis pas la seule. Qu'en pensez-vous, monsieur le ministre ?

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