Si une personne avait pu, depuis la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, jusqu'à aujourd'hui, économiser 8 000 euros par jour – hypothèse hautement improbable ! – , elle n'aurait accumulé qu'à peine 1 % de la richesse de M. Bernard Arnault. En France, sept personnes possèdent autant de richesse que 30 % de la population réunie. Les 10 % les plus riches détiennent 50 % des richesses de ce pays. Certaines personnes gagnent en quelques minutes ce qu'un salarié moyen mettra toute une vie de labeur à gagner. Par ailleurs, 15 000 Français, dont trente-sept des cinquante familles les plus riches, possèdent des comptes au Luxembourg et fuient l'impôt. Au total, la fraude et l'évasion fiscale coûtent 100 milliards d'euros. En pleine pandémie, les milliardaires français ont engrangé 175 milliards d'euros de plus.
Le débat qui nous occupe cet après-midi porte sur l'explosion de la pauvreté, mais il aurait tout aussi bien pu porter sur l'explosion de la richesse dans le même contexte. Ce que je veux démontrer, c'est que la pauvreté qui atteint des records en France et touche désormais dix millions de personnes ne tombe pas du ciel et n'est pas un à-côté de la concentration des richesses entre quelques mains. Convenez-en : Victor Hugo visait juste en disant que c'était de l'enfer des pauvres qu'était fait le paradis des riches. Ce pays produit largement assez de richesses pour permettre à chacun d'y vivre dignement. La pauvreté est insupportable, à plus forte raison quand elle frappe si lourdement la jeunesse du pays. Vaincre cette pauvreté est possible, à la condition d'une volonté politique à toute épreuve.
Qu'attendez-vous pour donner accès au RSA aux jeunes de moins de 25 ans ? Qu'attendez-vous pour relever les minima sociaux, de sorte que personne ne vive sous le seuil de pauvreté dans la sixième puissance économique du monde ? Pour vaincre la pauvreté, il n'y a qu'une seule véritable solution : partager. Qu'attendez-vous pour mettre à contribution celles et ceux qui ont le plus profité de cette crise ? Qu'attendez-vous pour limiter l'écart de revenu dans les entreprises, pour rétablir l'ISF, pour réformer la fiscalité de ce pays, comme nous le proposons, afin de mieux répartir l'effort entre tous et faire en sorte que ceux qui ont le moins paient moins et ceux qui ont le plus paient plus ? Enfin, qu'attendez-vous pour instaurer l'impôt universel pour faire payer ceux qui fuient l'impôt et se soustraient à la solidarité nationale ?