La crise actuelle n'a qu'un effet multiplicateur : si autant de Français ont basculé dans la pauvreté ces derniers mois, c'est bien qu'ils se trouvaient déjà dans des situations de fragilité avant l'apparition de la covid-19. Selon l'Observatoire des inégalités, la sixième puissance mondiale compte 9,3 millions de pauvres, si on se réfère à un seuil de pauvreté fixé à 60 % du revenu médian. Près de 15 % de la population vit avec à peine plus de 1 000 euros par mois : dans ces conditions, comment se nourrir correctement quand il faut payer son loyer, son prêt, ses factures d'énergie, de téléphone, d'internet… ? La pauvreté, a des conséquences que la décence nous oblige à ne pas qualifier d'annexes, comme l'isolement social ou le développement de troubles psychologiques. La présidente d'ATD Quart Monde, Isabelle Bouyer, le rappelait, la semaine dernière, « les gouvernants n'imaginent pas la honte et l'humiliation » que ressentent les Français qui ont recours à l'aide alimentaire à laquelle, depuis le début de l'épidémie, étudiants et travailleurs doivent massivement faire appel.
Il est plus que temps de ne plus simplement « gérer la pauvreté » comme l'évoquait Mme Bouyer, mais bien d'en combattre les causes. Des dispositifs ambitieux et novateurs sont régulièrement proposés, qu'il s'agisse d'une nouvelle répartition des richesses, de la mise en place d'un revenu universel, de la taxation des revenus financiers, ou de la création d'une sécurité sociale pour une alimentation durable. Le creusement des inégalités impose de réfléchir à ces outils de solidarité.
Monsieur le secrétaire d'État, quels dispositifs ambitieux le Gouvernement compte-t-il mettre en place pour sortir de la pauvreté les millions de Français qui y font face chaque jour et qui seront de nouveau touchés par les crises économiques, sociales et environnementales à venir ?