C'est un sentiment de gâchis absolu que l'on éprouve lorsqu'on est face à ce genre de situation, et nous savons que c'est le cas pour un certain nombre d'allocations, avec des taux de non-recours bien trop élevés. Il y a l'identification d'un problème, la formulation de solutions, un investissement financier de la collectivité nationale et puis, au final, des personnes qui en auraient besoin et qui ne peuvent y avoir recours.
Je ne connais pas, dans l'exemple que vous avez donné, les raisons qui ont été identifiées pour expliquer ce non-recours ; nous pourrons en discuter par la suite si vous le souhaitez. Il est évident que la première nécessité est que les assurés connaissent les droits auxquels ils peuvent prétendre ; il est vrai que nous avons eu tendance, au fil des années, à créer des systèmes d'une telle complexité, à empiler les dispositifs sans forcément rationaliser l'existant, que les assurés parfois se perdent et ne savent pas qu'ils peuvent prétendre à certains droits. La pédagogie et l'information sont donc une première nécessité, mais on ne peut pas s'en satisfaire et je pense qu'il faut développer deux choses.
Tout d'abord, il convient de recourir à ce que l'évolution technologique nous permet de faire, notamment au data mining, qui permet désormais de mutualiser les données entre différentes administrations et d'identifier des situations, souvent de précarité, qui devraient normalement donner accès à des droits dont on voit qu'ils ne sont pas pourvus. Par ailleurs, dans la même logique, il faut adopter de plus en plus cette fameuse démarche d'« aller vers » que nous développons dans le champ social pour identifier les personnes concernées, car on sait qu'un certain nombre de personnes, notamment les plus précaires, sont très éloignées des institutions publiques ; c'est à nous de mettre en place les dispositifs pour aller vers ces personnes invisibilisées, passées sous les radars, les identifier et leur permettre de bénéficier des droits auxquels elles devraient avoir accès.