Intervention de Fiona Lazaar

Séance en hémicycle du jeudi 4 mars 2021 à 15h00
Explosion de la pauvreté à la faveur de la pandémie de covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFiona Lazaar :

Il n'a jamais été facile d'être pauvre mais, dans la France du covid-19, la pauvreté est encore plus difficile à vivre. Cette crise est terriblement injuste : elle frappe plus fort encore les personnes les plus vulnérables, les plus exclues, les invisibles. Un grand nombre de Français ont découvert la pauvreté au cours des derniers mois. Dans les files d'attente de l'aide alimentaire, on croise des visages nouveaux, des gens qui pour beaucoup occupaient hier un emploi, suivaient une formation ou des études.

D'après le Secours catholique, ces nouveaux pauvres seraient environ un million. C'est un étudiant qui a perdu son petit boulot après le premier confinement, un jeune diplômé qui galère pour trouver un premier emploi, un chef d'entreprise dont le commerce ne rouvrira pas. Ce sont aussi ces hommes, ces femmes, ces étudiants qui vivaient de l'économie informelle et qui enchaînaient des boulots non déclarés dans la restauration, l'hôtellerie, le secteur de la garde d'enfants.

Depuis près d'un an, la France a fait beaucoup. Il ne s'agit pas ici d'avoir la mémoire sélective. Le Gouvernement a pris des décisions qui, pour certaines, étaient très courageuses et qui ont certainement permis d'éviter le pire. Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale et les associations ont fait des propositions. Monsieur le secrétaire d'État, le Gouvernement a-t-il mis certaines d'entre elles en application ou envisage-t-il de le faire ?

Malheureusement, la crise sanitaire n'en finit pas. Dans ce contexte, c'est l'impératif de justice sociale qui doit être notre boussole. Je regrette donc que le Gouvernement ait annoncé cette semaine le retour de la réforme de l'assurance chômage, qui aura pour conséquence de baisser les allocations d'un grand nombre de travailleurs précaires, ceux qui alternent contrats courts et périodes d'inactivité.

Dans la France du covid-19, il n'est plus possible de traverser la rue pour trouver un travail. Tout discours envers les pauvres consistant à promettre et à exiger un retour à l'activité n'est donc plus recevable. Aujourd'hui, je demande solennellement au Gouvernement de renoncer à la réforme de l'assurance chômage, qui ne conduira qu'à renforcer des inégalités déjà criantes. Quelles mesures comptez-vous mettre en oeuvre pour lutter structurellement contre la progression de la pauvreté ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.