Les jeunes et les étudiants vivent quasiment assignés à résidence depuis un an. Ils supportent de plus en plus mal cette situation, ce que personne ne peut ignorer. Les difficultés s'accumulent pour se nourrir, se loger, se soigner. L'isolement s'aggrave en raison de l'arrêt des activités sportives, culturelles et sociales. Les conséquences psychologiques sont dramatiques et largement sous-évaluées – nous en avons débattu il y a encore quelques instants. Nous ne devons pas ignorer non plus que les étudiants éprouvent des difficultés pour apprendre, privés qu'ils sont d'interactions, travaillant uniquement à travers des écrans. Or l'apprentissage passe aussi par la rencontre de l'autre.
Ces jeunes se voient déjà comme une génération fantôme et nous appellent à l'aide, mais l'on se contente de leur dire qu'ils doivent tenir, tenir encore, et, comme en temps de guerre, rester confinés, loin des amphis, des stages, des amis, dans leur colocation devenue triste, dans leur chambre de cité universitaire qui n'a jamais semblé aussi étouffante. Il leur faut tenir au domicile de leurs parents, qu'ils s'étaient pourtant promis de quitter, pour s'envoler un peu.
Les jeunes et les étudiants sont aussi oubliés dans la stratégie de vaccination du Gouvernement. Ils sont au bout d'une très longue chaîne, face à un horizon bien lointain. Les dernières annonces du Gouvernement ne sont pas faites pour nous rassurer. L'idée d'un pass sanitaire ou d'un passeport vaccinal commence à s'installer. Si elle venait à se concrétiser, elle infligerait une double peine, voire une triple peine, aux jeunes : sans vaccins, ils resteront longtemps privés de la liberté de vivre.
Les jeunes et les étudiants ne doivent plus être ce que M. le ministre des solidarités et de la santé appelle « l'externalité négative des conséquences des décisions qui sont prises » – je préfère personnellement parler de « dommages collatéraux ». Placer les étudiants au bout de la chaîne serait une faute grave si le passeport vaccinal était mis en place. Ce serait d'autant moins compréhensible que seules 25 % des doses du vaccin AstraZeneca ont été utilisées.
Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, êtes-vous prête, avec M. le ministre des solidarités et de la santé, à revoir la stratégie vaccinale de la France ?