Intervention de Martine Wonner

Séance en hémicycle du jeudi 4 mars 2021 à 15h00
Effets de la crise de la covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Wonner :

Que nous nous réunissions ici pour évoquer la jeunesse et sa précarité illustre l'incurie des politiques publiques menées depuis des décennies en France. La précarité ne résulte pas d'un élément exogène, aléatoire, imprédictible et soudain. Selon l'INSEE, 15 % de la population française vivait déjà sous le seuil de pauvreté avant la crise du covid-19. Vous venez de le dire, madame la ministre : celle-ci n'a fait que renforcer des fractures déjà existantes, plus particulièrement chez les jeunes, qu'ils soient étudiants ou travailleurs.

En janvier dernier, vous vous en souvenez, j'étais déjà intervenue dans l'hémicycle pour vous alerter sur la précarité psychologique dans laquelle se trouvaient les jeunes. La jeunesse française et européenne souffre beaucoup ; vous devez l'écouter. Mesurez-vous, chers collègues, son niveau de désespoir ? Faut-il que vous voyiez des enfants faire la queue dans le froid devant les banques alimentaires pour commencer à comprendre ? Savez-vous quelles sont les ressources dont disposent nos jeunes pour vivre dans les territoires ? Comment est-il possible que la France laisse de tels faits se dérouler ?

Certes, madame la ministre, vous allez prononcer un discours compassionnel et déployer quelques mesurettes anecdotiques. Force est de constater que, du haut de votre tour d'ivoire – je vous provoque un peu, veuillez m'en excuser – , vous ne voulez pas prendre conscience de l'ampleur du problème. Un quart de nos jeunes ont déclaré avoir renoncé à des soins, et les jeunes de moins de trente ans représentent plus de 50 % des pauvres en France. Comment expliquer que malgré les 100 milliards d'euros investis dans le plan de relance, un quart des jeunes déclarent ne pas manger à leur faim ? La jeunesse de notre pays n'est pas un poids économique ni un vecteur du virus – vous l'avez d'ailleurs de nouveau précisé – , et c'est bien de notre avenir dont il s'agit.

Ma question est donc simple : pourquoi prenez-vous des décisions aussi inadaptées ?

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