La commission d'enquête nous a permis de faire le point sur l'articulation de nos politiques en faveur des enfants et de la jeunesse. Les principaux intéressés ne sont que rarement consultés, a fortiori en cette période, durant laquelle ils ont le sentiment d'être oubliés.
Les problématiques qui concernent les vingt millions de moins de 24 ans dans notre pays sont multiples et les fractures existantes ont été exacerbées pendant la crise, dans des proportions que l'on ne mesure pas encore précisément.
Avant la crise, un enfant sur cinq, soit près de trois millions, vivait en dessous du seuil de pauvreté, et ce nombre ne fait qu'augmenter. Près d'un million des 16-25 ans ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation, tandis qu'un jeune sur deux a perdu son emploi depuis le début de la pandémie. Alors que seuls 2 % des jeunes étaient touchés par l'isolement en 2010, ils sont désormais 13 %. Cette explosion du nombre de cas d'isolement est d'autant plus alarmante que la part des jeunes isolés a rattrapé celle du reste de la population, qui s'est stabilisée à 14 %. Tandis que les enfants placés à l'hôtel au printemps se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, 23 % des sans-abri sont d'anciens enfants confiés à l'aide sociale à l'enfance – ASE.
Le manque de perspectives et les failles potentielles de la promesse républicaine entraînent un sentiment d'abandon grandissant chez les jeunes Français. Conscient de cette situation, le Président de la République a d'ailleurs lui-même rappelé que « l'égalité des chances n'est pas encore effective aujourd'hui dans notre République ».
Pour lutter contre une forme de déterminisme social, le Gouvernement a déployé un grand nombre de mesures, comme les « 1 000 premiers jours de l'enfant », les cités éducatives, le plan « 1 jeune 1 solution » ou encore les aides spécifiques pour les quartiers prioritaires de la ville.
Alors qu'ils n'ont ni influence politique, ni influence économique et que le développement sain des enfants est crucial pour l'avenir de toute société, il nous appartient de renforcer l'accès aux droits des moins de 25 ans et de respecter les engagements de la France en terme d'égalité des chances, tels qu'inscrits dans l'objectif de développement durable – ODD – no 10 de l'agenda 2030 de l'Organisation des Nations unies.
Aussi, madame la ministre et madame la secrétaire d'État, voici ma question : comment envisagez-vous de rendre plus lisible notre politique d'égalité des chances, de restaurer la confiance des jeunes et de les rendre aujourd'hui acteurs de leur avenir ?