Quant au discours de M. Ruffin, c'est le même que le vôtre, monsieur Saddier, mais il repose sur d'autres fondements. Il dit au fond que tout cela ne sert strictement à rien, que la démocratie ne sert à rien… C'est vrai, monsieur Ruffin, qu'on peut considérer que rien ne sert à rien, que l'État ne sert à rien, que la Ve République ne sert à rien, que l'exécutif ne sert à rien, que le Parlement ne sert à rien, et qu'il n'y a que vous qui ayez une véritable importance. Mais je voudrais vous dire, et ceux qui me connaissent depuis quelques mois le savent, que je ne suis jamais opposé par principe à un amendement d'où qu'il vienne, et que c'est mon honneur d'être attentif à la représentation nationale. Mais pour le coup, je ne sais pas comment vous le dire autrement qu'en le répétant : nous avons choisi les mots, ceux-ci nous engagent et nous obligent, et nous ne souhaitons pas les changer. Je le dis une fois pour toutes. Vous pourrez bien sûr y revenir, mais telle est la position du Gouvernement.
Et puis j'entends qu'on se pose des questions sur le pourquoi et le comment, sur les arrière-pensées politiciennes… Je peux dire à ceux qui s'interrogent que je n'ai pas le goût de l'effort inutile : je suis ici pour défendre ce texte parce que je le trouve indispensable et j'espère qu'il ira jusqu'à son terme.