Cher collègue Aubert, ce que vous dites est intéressant sur un point : quand on parle de limites, il faut à la fois penser plafond et plancher. Dans mon désir d'égalité, y compris d'égalité devant l'environnement, j'estime nécessaire de baisser le plafond et de relever le plancher. Hier, vous avez dit que dans les années 1970, on était un peu fous, mais qu'aujourd'hui, ça allait mieux. En 1970, le jour du dépassement était le 30 décembre : cela veut dire qu'à la fin de l'année, la planète se régénérait à peu près. Aujourd'hui, le jour du dépassement est le 19 juillet : cela veut dire que presque la moitié de l'année, on vit à crédit environnemental. Depuis les années 1970, on a multiplié par trois la consommation de matières à l'échelle planétaire : ça n'a pas diminué, ça a été multiplié par trois ! Il y a une espèce de folie qui se poursuit, qui doit selon nous être limitée. Nous devons poser une limite à notre suicide collectif, mais celle-ci doit être pensée à l'échelle d'un pays et en termes de justice à l'intérieur de ce pays. Chez nous, les 10 % les plus riches émettent huit fois plus de gaz à effet de serre que les 10 % les plus pauvres. Le plafond doit d'abord tomber dans les pays les plus riches et pour les habitants les plus riches des pays les plus riches, dont le nôtre.