Notre collègue Ruffin soulève un problème réel : il est effectivement facile d'afficher un bilan carbone positif quand on est largement désindustrialisé et toujours plus dépendant de l'étranger. Rappelons, par exemple, que la France, en 2020, s'est particulièrement illustrée en matière de déficit commercial, puisque ce dernier a atteint 80 milliards d'euros – c'est, me semble-t-il, du jamais vu depuis 1945. Lorsque les centres de production sont répartis partout ailleurs sur la planète, il est facile de pointer du doigt les autres pays en remarquant que, contrairement à nous, ils émettent du carbone.
Sans doute faudrait-il donc, de la même manière qu'on distingue, en économie, le PIB – produit intérieur brut – du PNB – produit national brut – , calculer l'intensité carbone du PIB et celle du PNB pour reconstituer la véritable empreinte carbone de la consommation et de la production françaises.
Je suis néanmoins en désaccord avec vous sur un point, monsieur Ruffin : vous qualifiez, comme d'autres que vous sont tentés de le faire, le CO2 de « pollution ». Or le dioxyde de carbone n'est pas une pollution : je rappelle que ce gaz fait partie de l'atmosphère terrestre, où on ne le trouve que de façon très minoritaire, et que, lorsqu'on émet du CO2, on ne pollue pas. Le dioxyde de carbone fait certes partie des gaz à effet de serre, mais il ne doit pas être mis sur le même plan que d'autres pollutions, comme la pollution de l'air, les émissions de particules fines, et d'autres.
J'insiste sur ce point, car nous débattrons un jour de l'écocide. Si l'on considère qu'une entreprise qui émet trop de CO2 pollue, la nature de l'écocide s'en trouvera totalement modifiée et englobera beaucoup plus d'entreprises que ce que nous souhaitions originellement. Je rappelle que nous avons tous assisté à des cours de biologie entre le CM1 et la cinquième, et que nous y avons tous appris que les plantes absorbent du CO2 et rejettent de l'oxygène : il existait donc bien du CO2 sur terre avant l'arrivée de l'homme.