L'économiste américain ultralibéral Gary Becker s'exprimait ainsi le 9 août 1993, dans le journal Business Week : « Le droit du travail et la protection de l'environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès, en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en voie de développement. »
On était alors à l'aube du grand déménagement du monde, qui commençait seulement, avant une plus forte poussée. Côté américain, les accords de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique allaient être appliqués ; côté européen, c'était le traité de Maastricht ; au niveau mondial, l'Uruguay Round allait faire entrer l'agriculture, notamment, dans la grande lessiveuse de la mondialisation. Gary Becker, les élites en général, avaient conscience de l'intérêt qu'ils allaient y trouver en matière de dumping environnemental et social. Aujourd'hui, il est donc nécessaire d'entraver cette machine. Nous proposons un amendement qui vise à inscrire dans la Constitution que la République « sort des accords de libre-échange si elle n'est pas en mesure de veiller sur l'impact négatif qu'ils pourraient avoir sur le climat et la santé ».
Vous pouvez vous prendre la tête entre les mains et contester mes propos, monsieur le ministre : je vous demande à nouveau ce que les dix-sept mots que vous voulez ajouter à la Constitution changeront concrètement pour notre pays. Le grand déménagement et le dumping environnemental mentionné par Gary Becker se poursuivront-ils ?