Durant cette matinée et cet après-midi, nous nous sommes livrés à quelques jeux théâtraux, chacun tenant parfois son rôle – vous, celui de maintenir coûte que coûte les dix-sept ou dix-huit mots du texte actuel. Mais il est des moments où, en tant que parlementaires, il faut savoir être à la hauteur des propositions qui nous sont soumises.
Notre collègue Julien Ravier sait pertinemment que nos positions politiques sont diamétralement opposées – nous sommes élus du même territoire, Marseille. Pourtant, je voterai en faveur de son amendement. Sachons dépasser les histoires locales, ne les introduisons pas dans cet hémicycle et évitons de nous affronter systématiquement.
Monsieur le garde des sceaux, vous nous dites qu'il est minuit ; il ne faudrait pas introduire ce débat « au débotté », selon les mots du rapporteur. Mais, à un quart d'heure près, l'amendement aurait pu être examiné demain matin, à neuf heures ! La vraie question n'est pas celle des horaires, ou de l'organisation d'un débat spécifique ; c'est le fait que cela concerne des centaines de milliers de nos compatriotes. Je n'en citerai qu'un seul, un ami rencontré en politique – même si nous ne partagions pas du tout les mêmes positions – , un de nos anciens collègues, décédé du covid-19 : Patrick Devedjian. Il portait très haut le combat de la reconnaissance du génocide arménien.
Nous pourrions, par un vote en faveur de cet amendement, qui a une portée bien supérieure à un simple amendement, envoyer un message fort à l'extérieur de cet hémicycle. Beaucoup seraient soulagés d'une douleur qui dure depuis plus d'un siècle.