Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du vendredi 19 mars 2021 à 15h00
Démocratiser le sport en france — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Vous savez ce que je pense de votre texte : en toute courtoisie, j'estime qu'il est inabouti et approximatif. Mais puisque vous évoquiez les STAPS, madame la ministre déléguée, je vais vous dire ce qu'en pense l'Association nationale des étudiants en STAPS. Son regard sur nos débats et sur votre texte est sans appel.

Un de leurs responsables confiait ainsi sa déception face à un texte dont il estime qu'il ne couvre que 2 % du monde du sport. Il regrette que rien ne soit prévu concernant l'EPS – quand les étudiants ont constaté que vous comptiez en faire une activité complémentaire de celle pratiquée dans les associations sportives, je peux vous dire, pour leur en avoir parlé après la séance d'hier après-midi, qu'ils ont bien rigolé – , rien non plus sur le sport à l'université, sur les problèmes d'infrastructures sportives, ni sur l'insuffisance des moyens déployés, alors même que 70 % des étudiants n'ont pas les moyens de faire du sport.

J'ai entendu le message des étudiants en STAPS. Je le partage. Nous, élus de la nation, n'avons pas pu amender le texte pour porter la parole de celles et ceux que nous représentons. Nous en avons été empêchés par votre censure : 55 % de nos amendements ont été jugés irrecevables, nous empêchant de parler de véritables outils de démocratisation du sport. Nous n'avons pas pu débattre de l'apprentissage de la natation, de la parité dans la retransmission des grands événements sportifs, de l'association des supporters aux prises de décision, des partenariats public-privé, de la sanctuarisation des taxes au bénéfice des sports amateurs, de la publicité pour les paris sportifs, du remboursement du sport sur ordonnance, ni de la lutte contre les discriminations. Même quand nos amendements ont passé l'étape de la censure, vous les avez balayés, faisant tomber jusqu'à seize amendements d'un seul coup, comme nous l'avons constaté lorsque M. Waserman était au perchoir. C'est intolérable.

Nos débats n'ont pas servi à grand-chose. Ils n'ont surtout pas servi le sport, ni la démocratie – encore moins la démocratie dans le sport ! Vous avez manqué l'occasion de réinterroger le modèle sur lequel est bâtie notre politique sportive. Cette proposition de loi ouvrait la possibilité d'un débat sur le service public du sport, l'éducation populaire, le financement du mouvement sportif, la gouvernance des fédérations sportives ou encore le rôle des licenciés et du public dans la prise de décision. Après tant d'heures de débats stériles, aucun de ces aspects fondamentaux n'a pu être abordé, parce que vous ne l'avez pas voulu.

Je n'envisage pas d'autre solution que le vote contre ce texte, parce qu'il n'existe pas ! Croyons en la navette parlementaire, et nous verrons bien ce qu'il en sera en deuxième lecture – s'il y en a une.

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