Intervention de Stéphanie Rist

Séance en hémicycle du lundi 22 mars 2021 à 16h00
Impact de la crise sur la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphanie Rist, LaREM :

La crise sanitaire, économique et sociale sans précédent que traverse notre pays touche tous nos concitoyens, tous milieux et toutes générations confondus. Si la jeunesse est relativement et heureusement préservée des formes graves du virus, ses conséquences indirectes ont néanmoins un sérieux impact sur la santé aussi bien mentale que physique.

« Ce virus me vole ma jeunesse », nous dit Étienne, 20 ans. « Ce virus m'empêche de vivre », nous dit Nina, 13 ans. À l'âge où l'on construit son avenir, où l'élan des projets, le goût des voyages et la soif de rencontres sont à leur paroxysme, le repli sur soi et l'isolement imposé depuis un an ont pris le dessus dans le quotidien des jeunes, non sans provoquer d'importants dégâts.

En matière de santé mentale, la perte de la liberté de circulation, l'enfermement ou encore la peur de la contamination sont des facteurs de stress qui ont conduit à une forte augmentation des troubles anxieux et dépressifs ainsi qu'à des addictions dans l'ensemble de la population, mais plus encore chez nos jeunes et très jeunes. L'hôpital Necker-Enfants malades, à Paris, a enregistré en 2020 deux fois plus de tentatives de suicide chez les mineurs de moins de 15 ans que l'année précédente.

En matière de santé physique, le confinement a accru le recours aux écrans, tout en entraînant la diminution de la pratique sportive et une modification des comportements alimentaires. Kilos en trop et moral à zéro : la santé des jeunes doit être prise en considération.

On observe par ailleurs un phénomène préoccupant d'augmentation de la précarité et d'accroissement des inégalités. Nous avons tous pu être témoins d'opérations d'aide alimentaire organisées au sein des universités – certains d'entre nous y ont même participé. Plusieurs mesures majeures ont été prises par le Gouvernement. Je pense à l'allocation de 200 euros pour les étudiants qui ont perdu leur emploi, aux aides pour les boursiers, au plan « 1 jeune, 1 solution », à la reprise des enseignements en présentiel à 20 % du temps, aux repas à 1 euro dans les CROUS, à la lutte contre la précarité menstruelle ou encore à la mise en place de chèques d'accompagnement psychologique. Nous avons apporté aux jeunes, comme à l'ensemble de nos concitoyens, des aides conséquentes et nécessaires pour qu'ils puissent tenir le coup et se tourner vers l'avenir.

Aujourd'hui, nous espérons tous la fin de cette crise. La progression de la vaccination nous fait entrevoir une issue. La jeunesse de notre pays devra pouvoir retrouver rapidement la joie de vivre qui la caractérise : cela se fera en recréant du lien social, en renouant avec ses proches, ses amis, ses amours, en retrouvant le goût des projets, de la fête, des soirées étudiantes et des nuits en discothèque.

Madame la secrétaire d'État, 87 % des jeunes abordent cet avenir encore incertain en estimant qu'il leur appartiendra d'acquitter la dette contractée par notre société pendant cette crise inédite. Plus d'un jeune sur deux se dit par ailleurs injustement accusé d'être responsable de la transmission du virus. C'est un poids considérable que nous faisons peser sur leurs épaules. Les sacrifices déjà consentis par la jeunesse ne doivent pas être assombris par de fausses accusations, qui risquent de diviser les générations alors que nos efforts doivent se concentrer sur la solidarité et sur l'union nationale pour nous protéger mutuellement et vaincre collectivement l'épidémie.

Si nous sommes toutes et tous victimes de cette crise, la grande majorité des jeunes estiment que leur génération est sacrifiée. Ce sentiment est partagé par 74 % des Français, qui pensent qu'il est bien triste d'avoir 20 ans dans les années 2020. Cette opinion décroît cependant avec l'âge, car moins de la moitié des plus de 65 ans partagent ce regard sur la jeunesse. Ces chiffres doivent nous alerter. Comment éviter ce choc des générations, comment surmonter les clivages en redonnant à la jeunesse des perspectives, de la confiance et de l'optimisme ? Comment mieux écouter demain la parole des jeunes ? Comment enfin s'assurer que les fragilités révélées par la crise soient prises en compte et considérées dans la durée ? Madame la secrétaire d'État, quel message d'espoir pouvons-nous aujourd'hui délivrer à notre jeunesse ?

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