Je reviens à la charge, car vous semblez sous-estimer la grande souffrance des jeunes alors que les indicateurs sont au rouge. Détresse morale – cela a été dit – et sociale, difficultés financières aiguës, tentatives de suicide et suicides en augmentation sont les principaux. Que vous faut-il de plus pour enfin agir en profondeur ?
C'est d'ailleurs pire pour les ultramarins : pas plus tard qu'aujourd'hui, l'Union des étudiants réunionnais de l'hexagone – UERH – a appelé une fois de plus à l'aide face au troisième confinement qui a été décrété dans seize départements. Le moral d'un grand nombre de ces jeunes est au plus bas : ils n'ont quasiment plus de vie sociale et ne peuvent plus exercer de petits boulots pour tenter de subvenir à leurs besoins essentiels. Résultat : beaucoup abandonnent leurs études et les ultramarins veulent rentrer chez eux. Quand allez-vous prendre en considération leurs appels de détresse et y apporter des réponses adaptées ?
De façon générale, la jeunesse du pays se sent abandonnée, oubliée. Autre exemple : à La Réunion, l'État comptait supprimer douze des vingt-quatre contrats de service civique à l'épicerie sociale et solidaire du campus du Moufia, structure reconnue et qui permet tous les mois à 4 000 étudiants, soit 40 % d'entre eux, de se nourrir. Heureusement, grâce à la mobilisation d'étudiants, de syndicats, du président de l'université, du directeur du CROUS et de quelques élus, l'État a fait marche arrière et l'épicerie sociale a été sauvée.
Comment avez-vous pu une seule seconde prétendre casser cette chaîne de solidarité ? Où est la logique, madame la secrétaire d'État ? Je vous le répète avec force : la solution pérenne consiste à instaurer le revenu minimum étudiant, c'est-à-dire une allocation mensuelle d'État pour chaque étudiant. Il faut par ailleurs donner droit à un revenu de solidarité jeunes à ceux qui sont privés d'emploi et qui ont moins de 25 ans, au moins pour une période d'expérimentation.