Intervention de Jean-Louis Bricout

Séance en hémicycle du lundi 22 mars 2021 à 21h30
La dette publique : la payer ou l'annuler

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bricout, SOC :

Nous croyons aussi aux vertus d'une relance par la demande. Nous avons proposé de nombreuses pistes : un revenu universel pour les jeunes ; l'annulation de votre réforme de l'assurance chômage ; la revalorisation des aides aux plus précaires. Bref, financer la consommation de ceux qui consomment, pour que les carnets de commandes se remplissent de nouveau, que les entreprises embauchent et que la machine redémarre.

Second levier : l'augmentation des recettes. Esther Duflo, prix Nobel 2019 d'économie, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et bien d'autres proposent une fiscalité progressive ; nous les suivons. C'est d'ailleurs un enjeu de justice sociale, comme l'a reconnu la commission sur l'avenir des finances publiques, présidée par Jean Arthuis. Plutôt que de permettre aux enfants de riches d'acheter des appartements et de gonfler les loyers comme vous le proposez, ma collègue Christine Pires Beaune présente une réforme sensée des successions ; vous seriez bien inspirés de la lire.

Comme peut également le dire Gabriel Zucman, il faudrait aussi réarmer la DGFIP, la direction générale des finances publiques, dans sa chasse à la fraude fiscale – quelques centaines de milliards d'euros sont à récupérer – , harmoniser les règles européennes et isoler diplomatiquement les paradis fiscaux. Enfin, nous pourrions revenir sur la baisse de l'ISF, devenu l'IFI – impôt sur la fortune immobilière – et quelques autres réformes du quinquennat.

Le troisième levier est la réduction des dépenses, sans ravager les retraites. Il y a tout de même 100 milliards de niches fiscales votés dans la dernière loi de finances. Sans doute peut-on en revoir certaines, comme les 11 milliards qui profitent aux énergies fossiles. On peut également envisager de stopper la baisse de l'impôt sur les sociétés, votre commission Arthuis ayant établi qu'en 2019 notre niveau d'impôt sur les sociétés était aligné sur celui de la zone euro, et on notera utilement qu'il a été réduit encore de deux points récemment.

Enfin, une quatrième piste potentielle mérite à tout le moins d'être débattue : la renégociation des obligations détenues par la BCE. Quoi qu'on pense de la proposition, elle exige un débat honnête, sans esquive rhétorique. Les économistes vous demandent des contre-arguments sérieux – qui se font encore attendre – , et pas des réponses démagogiques. Nous avons trop entendu, en guise de réponse, qu'une dette se rembourse, sinon on ne nous prêtera plus.

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