Intervention de Arnaud Viala

Séance en hémicycle du mardi 23 mars 2021 à 21h00
Seniors face à la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Viala, LR :

Ce panorama est bien incomplet tant nos aînés ont eu à souffrir de la panique qu'ont vécue certains EHPAD devenus foyers de contagion, avec de nombreux décès dans des communautés décimées et souvent livrées à elles-mêmes pour faire face à une situation que personne n'arrivait alors à comprendre. Ces mêmes aînés subissent ces jours-ci des inquiétudes en matière de vaccination, puisque des informations contradictoires sont diffusées quant à la fiabilité de tel ou tel vaccin et son adaptation à telle ou telle catégorie d'âge. Même si le vaccin est clairement la seule porte de sortie de la crise, nos aînés ne sont toujours pas sereins.

C'est cependant sur le long terme qu'il faut réfléchir aux enseignements à tirer des nombreuses conséquences de la crise pour nos aînés. Je tiens à livrer ici quelques réflexions.

Tout d'abord, la crise a révélé à quel point la gestion des structures d'hébergement et d'accueil spécialisées repose sur les épaules des équipes qui les font vivre, alors que leur gouvernance est souvent bicéphale, partagée entre l'ARS – agence régionale de santé – et la collectivité départementale, ce qui crée des angles morts dans les réponses qu'attendent les personnels et les responsables de ces structures. Il nous paraît indispensable que le Gouvernement valide les projets d'expérimentation qui germent dans les territoires où l'on veut rendre cette gestion plus efficace en la confiant tout entière aux connaisseurs de proximité que sont les conseils départementaux. Y êtes-vous prêts, madame la ministre déléguée ?

Ensuite, la crise a souligné de manière criante l'intérêt majeur que représentent les résidences pour seniors de petite taille, à dimension humaine, où l'on se connaît, s'apprécie, s'entraide et se côtoie, même en temps de crise. Le maillage des dispositifs d'accueil des aînés dans les territoires comporte un trou important, celui de l'accompagnement des innombrables résidences, foyers et structures intergénérationnelles non médicalisées que les territoires ont créées et qui rendent des services irremplaçables. Il est grand temps de reconsidérer ce manque et de pallier cette fragilité en permettant aux territoires organisés de contractualiser avec l'État pour continuer de faire vivre et de développer ces établissements.

En outre, c'est bien à domicile que nos aînés ont le mieux traversé cette crise, dans un cadre de vie auquel chacun d'entre nous est légitimement attaché pour ses vieux jours. Or les sociétés évoluent : les cellules familiales sont désormais réduites, et les rythmes de vie peu compatibles avec le soutien à un proche âgé. C'est pour cela que les services à domicile sont omniprésents et très efficaces. Le Ségur de la santé les a néanmoins oubliés au moment de leur témoigner notre reconnaissance, et cette imperfection n'a toujours pas été complètement corrigée. Quand parviendrons-nous à concevoir l'accompagnement du vieillissement comme un continuum allant du domicile jusqu'à l'EHPAD, en passant par les résidences pour seniors ? Quand parviendrons-nous à concevoir un ensemble cohérent, territoire par territoire, derrière le chef de filat naturel des conseils départementaux ?

Enfin, il faut urgemment débattre de la question centrale de la prise en charge de la dépendance, tout en allant au terme de la réforme avortée des retraites, si l'on veut clarifier la vision de l'avenir de notre pays dans les prochaines décennies. Quand ces questions reviendront-elles au Parlement ? Les Français veulent savoir ce que vous leur réservez.

Ces propositions sont les nôtres. Nous les soumettons au débat et souhaitons les voir mises en oeuvre le plus vite possible, pour le bien de nos aînés et pour celui de chacun d'entre nous, à un moment ou un autre de son existence.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.