La crise sanitaire que nous vivons depuis plus de trois cent soixante-cinq jours nous met tous au défi de restreindre une partie de nos propres libertés pour la santé de tous et de faire vivre la solidarité. Ainsi, cette crise protéiforme, tentaculaire, du covid-19 met-elle à l'épreuve la solidarité nationale – toute son architecture, son arborescence – , qui peut sortir de ce moment critique réenchantée ou abîmée.
La covid-19 affecte durement les plus anciens d'entre nous. En effet, les plus de 60 ans sont les premières victimes des formes graves de la maladie et en décèdent bien plus souvent que les autres classes d'âge. Notre défi collectif, notre défi de société est donc, premièrement, de protéger nos aînés des risques de cette maladie tout en maintenant une forte cohésion nationale, car, avec le temps, avec les confinements, les couvre-feux, les pseudo-reconfinements, les efforts peuvent s'essouffler et devenir résignation, renoncement, ressentiment.
Une enquête Odoxa de début février 2021 révèle qu'une majorité des Français – 56 % – redoute la survenue d'une tension intergénérationnelle. Ce risque, disons-le, a été maladroitement entretenu par les recommandations d'une partie du Conseil scientifique, qui, par la voix de son président, a évoqué à un moment un « auto-isolement » des populations vulnérables, les plus âgés en tête. Si cette recommandation n'a heureusement pas fait l'unanimité, ni parmi les membres du Conseil ni au sein de l'exécutif, elle a été entendue et parfois mal vécue par nos aînés.
Depuis le confinement, beaucoup de seniors éprouvent un sentiment de solitude. Si certains ont repris une activité, d'autres pointent un manque de services et la mauvaise adaptation des villes à leur situation. En pleine épidémie, les seniors se sentent parfois sous étroite surveillance. Si, heureusement, un grand nombre d'entre eux se sent heureux, beaucoup se sentent aussi stigmatisés et mis à l'écart de la société. Les aînés tentent de faire front, entre fatalité et, parfois, résignation. Les restrictions sanitaires et les restrictions de circulation ont parfois diminué les interactions entre les générations. On voit moins les grands-parents, pour les protéger des virus, on ne se voit plus dans les cafés et dans les lieux de vie, on échange beaucoup moins et parfois on se comprend moins.
Cependant, nos aînés, avec beaucoup d'empathie, considèrent également que l'isolement, le confinement et le distanciel sont difficiles pour les jeunes. En fait, jeunes et seniors s'accordent sur un point : ce sont les jeunes qui ont été le plus mal pris en compte par le Gouvernement. En effet, d'après le même sondage Odoxa, 82 % des 18-34 ans et 80 % des 65 ans et plus n'ont pas été convaincus par les mesures de l'exécutif.
Protéger de la maladie et de ses conséquences dramatiques est et doit rester notre priorité nationale. Cela passe bien sûr par la vaccination et, comme notre groupe l'a indiqué à plusieurs reprises, la stratégie qui consiste à vacciner en priorité les personnes les plus à risque de développer une forme grave de la maladie et d'en mourir est bonne. Mais vouloir se faire vacciner sans y parvenir ni savoir quand ce sera possible est anxiogène, d'autant que la vaccination s'élargit déjà à d'autres publics. De nombreuses personnes n'ont pas internet et malgré de nombreux appels, il n'est pas toujours possible d'obtenir un rendez-vous : « Rappelez à la fin du mois ! », « Rappelez dans quinze jours ! » Les cas de Madeleine, Sylvie, Marie-Thérèse et Antoinette ne sont pas isolés. La vérité du terrain est celle d'une difficulté, pour nos aînés, encore aujourd'hui, à se faire vacciner.
Bien sûr, il y a Doctolib, il y a un numéro, mais celui-ci a changé trois fois depuis le début de la campagne vaccinale ; un numéro supplémentaire coupe-file a en outre été ajouté. Pourquoi ne pas avoir confié à la sécurité sociale et à ameli. fr le relais de Doctolib ?