Intervention de Stéphanie Atger

Séance en hémicycle du mardi 23 mars 2021 à 21h00
Seniors face à la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphanie Atger, LaREM :

Parler des seniors face à la crise sanitaire implique de considérer cette notion à travers le prisme des réalités diverses qui la définissent. Durement touchés par la pandémie, représentant la majorité des décès dus à la covid-19, nos aînés, à l'image de l'ensemble de la population, traversent la crise sous des angles différents. Qu'ils vivent à domicile, en ville ou en zone rurale, dans une situation de dépendance ou non, ou encore en établissement, les ressentis ne peuvent qu'être distincts. Pour tous néanmoins, contraints par des mesures restrictives, la rupture du lien social est une dure réalité. À la sortie du premier confinement, nous avons entendu plusieurs responsables publics suggérer qu'il fallait proroger les règles restrictives de déplacement pour les seuls aînés. C'était selon eux la seule façon de retrouver une vie normale et de relancer l'activité. Fort heureusement, dans sa stratégie de protection de la population, le Gouvernement ne s'est jamais saisi de ces éléments. La remise en cause du modèle républicain, de la promesse d'égalité et de fraternité, notamment intergénérationnelle, va à l'encontre de notre vision de la société. Au contraire, les mesures adoptées dans le cadre de la lutte contre la pandémie se sont toujours assurées des besoins prioritaires pour protéger la vie, tout en préservant l'État de droit.

Ces discours visant les personnes vulnérables sont d'autant plus délétères qu'ils creusent davantage les discriminations qui les affectent. La cohésion sociale et les politiques publiques ne peuvent se nourrir de ces a priori. Ainsi, nombre de personnes âgées se sentent exclues de la sphère publique, tiraillées entre la conscience du danger épidémiologique, le strict respect des règles de distanciation et l'impérieuse nécessité de la reprise d'activité – des réalités parfois vécues comme violentes à leur égard. Hélas, la crise sanitaire en révèle d'autres.

Bien des violences sont exercées dans le cadre familial. Afin de les combattre, nous développons des moyens pour renforcer les dispositifs existants. Ces moyens supplémentaires alloués à la répression et à la prévention suscitent l'adhésion croissante de l'opinion, mais il y a encore beaucoup à faire. Plus rarement évoquées que celles exercées à l'encontre des femmes et des enfants, les violences à l'encontre des aînés se révèlent pourtant bien réelles. Qu'elles soient financières, physiques ou psychiques, ces souffrances touchent aussi les populations les plus fragiles. À ce jour, nombre d'associations les représentant sollicitent la reconnaissance de ce fléau et interviennent au quotidien pour que la société puisse modifier la perception que nous avons des personnes âgées. Je pense par exemple à la manière dont nous pourrions renforcer la place des seniors dans l'engagement civique. Leur engagement au sein d'instances dédiées, notamment, pourrait favoriser leur sentiment d'appartenance citoyenne et ainsi les impliquer davantage dans les décisions qui les concernent. Au sein des EHPAD – je pense plus particulièrement à ceux de ma circonscription – , nous observons souvent une amélioration de la prise en charge lorsque les résidents se sentent écoutés. La notion de consentement devrait être étendue à de plus amples domaines, y compris aux placements en EHPAD ou aux mises sous tutelle ou curatelle. La crise sanitaire a mis en exergue les fragilités du tissu social et les difficultés inhérentes à l'isolement social. Il est indispensable d'entendre les aspirations des seniors, et ce dans toute leur diversité.

Je sais le Gouvernement attentif ; avec le soutien des élus et des acteurs locaux, la prise en compte de ces paramètres a permis l'allégement des contraintes sanitaires, notamment en EHPAD. Nous avons ainsi pu mesurer l'impact favorable du retour des familles, de la reprise des visites ou de l'organisation de moments conviviaux. Plus récemment, la stratégie vaccinale visant d'abord les plus de 75 ans et les personnes résidant en établissement leur a permis de retrouver au plus vite leurs proches tout en étant protégés. Madame la ministre, qu'envisagez-vous à la sortie de la pandémie pour favoriser toute action visant à protéger davantage les plus fragiles, mais aussi pour promouvoir la participation des seniors à la vie citoyenne ?

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