La deuxième dimension révolutionnaire de la pandémie, c'est qu'elle est profondément inégalitaire : elle touche les plus pauvres et accroît considérablement les inégalités. La mondialisation, quoi qu'on en dise, avait réduit les inégalités depuis trente ans, mais celles-ci se creusent désormais rapidement. Et si nous n'adoptons pas une politique conforme aux outils dont nous nous sommes dotés, il y a quelques semaines, en votant le projet de loi de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, nous n'y parviendrons pas.
Troisièmement, il s'agit d'une crise géopolitique qui illustre bien trois tendances : elle renforce l'Asie, quelles que soient les responsabilités de la Chine, affaiblit les Américains et interpelle les Européens. Si nous ne comprenons pas que, quand la mer se retirera, le rapport de force ne sera pas le même qu'avant, si nous ne comprenons pas que nous devrons faire preuve de vaillance, alors nous ne comprenons rien à la crise.
Nous devons en tirer trois leçons principales : tout d'abord, faire le choix du multilatéralisme. La tentation est grande de dire, comme Kipling, que celui qui voyage seul va plus loin. On nous reproche d'être mauvais, et il est vrai que l'Union européenne n'a pas été très efficace dans l'organisation de la politique vaccinale.