Intervention de Sereine Mauborgne

Séance en hémicycle du mercredi 24 mars 2021 à 15h00
Suivi de la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne, représentante de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Je remercie Françoise Dumas, présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées, de m'avoir confié la tâche de siéger à sa place. En tant que soignante, c'est un honneur pour moi de contribuer à ces travaux.

En début de semaine, le Gouvernement a annoncé une participation accrue des armées à la lutte contre l'épidémie de covid-19. Elles se verront confier le déploiement d'une partie des futurs grands centres de vaccination. Par ailleurs, alors que plusieurs hôpitaux d'instruction des armées – HIA – ont déjà été mobilisés pour accélérer la campagne nationale de vaccination, d'autres devraient l'être au cours des jours à venir, notamment à Lyon et à Marseille.

Rappelons néanmoins que les effectifs du service de santé des armées – le SSA – sont au plus juste et sont d'abord au service des forces armées et des blessés. Les armées prennent donc toute leur part à la lutte contre l'épidémie et l'ont fait avant même le lancement de l'opération Résilience, engagée il y a précisément un an. Souvenons-nous que c'est à bord d'un avion de l'escadron Estérel que près de 200 de nos compatriotes ont été rapatriés de Wuhan à Istres, le 31 janvier 2020. Au total, l'opération Résilience a consisté en plus de 920 missions opérationnelles, parmi lesquelles des transports médicalisés, par les airs ou par la mer, de patients intubés, le déploiement par le SSA de modules ou de cellules militaires de réanimation – improprement appelés hôpitaux de campagne – ou encore d'importants transferts de personnels soignants ou de fret, en métropole ou vers les outre-mer.

La crise a ainsi révélé la contribution essentielle des forces armées à la résilience de la nation. Mais elle a aussi mis en lumière des axes de progrès à accomplir sur le plan des relations civilo-militaires. Nos collègues Joaquim Pueyo et Pierre Venteau, corapporteurs d'une mission flash relative aux relations civilo-militaires à la lumière de la crise de la covid-19, ont montré combien, au niveau local, le manque de culture militaire des administrations civiles, en particulier des agences régionales de santé, a retardé la mobilisation des armées. Nous avons également observé combien la réserve sanitaire présente de grandes fragilités et comment nous pourrions nous inspirer davantage des pratiques de l'armée s'agissant des personnels de la réserve. L'actualisation de la revue stratégique, rendue publique en début d'année, en tire d'ailleurs les conséquences, en soulignant la nécessité d'une nouvelle fonction stratégique appelée « résilience et protection ».

Depuis le début de la crise, les armées sont demeurées pleinement engagées en opérations sur le territoire national, dans le cadre des missions Sentinelle ou Harpie, mais aussi dans l'accomplissement de leurs missions permanentes : posture de dissuasion nucléaire, police du ciel, action de l'État en mer. Pas plus tard que la semaine dernière, un Mirage 2000 interceptait un hélicoptère non identifié dans le ciel parisien. Nos armées continuent également de s'entraîner au plus haut niveau, comme la semaine dernière avec un exercice baptisé RHÉA de préparation à la haute intensité, en mer Méditerranée.

Elles sont engagées également dans des opérations extérieures, du Levant au Sahel, où se poursuivent les opérations Chammal et Barkhane de lutte contre Daech, Al-Qaïda et leurs émanations. Depuis le 21 février 2021 et jusqu'à l'été, le groupe aéronaval constitué autour du porte-avions Charles-de-Gaulle est déployé dans le cadre de la mission Clemenceau : il évoluera en mer Méditerranée, dans l'océan Indien et dans le golfe arabo-persique, et prendra part à l'opération Chammal.

En temps de covid-19, la réalisation de ces opérations représente un véritable défi. Aujourd'hui, quelque 6 300 membres des personnels militaires ont été vaccinés afin d'assurer la continuité opérationnelle et de prévenir tout risque d'interruption des missions les plus sensibles. Les vaccinations concernent également un quart des personnels soignants du service de santé des armées. Si les armées n'ont pas eu à déplorer de décès parmi les soldats atteints du covid-19, je n'oublie pas que quatre personnels civils du ministère des armées et deux gendarmes en sont morts ; mes pensées vont à leurs proches. L'uniforme ne protège pas de la maladie et, malgré les précautions prises, on compte plusieurs dizaines de cas positifs parmi les militaires, dont certains en opérations extérieures.

Pour limiter les incidences de l'épidémie sur la conduite des opérations, des périodes d'isolement sont appliquées en amont et en aval des déploiements. Elles allongent la durée d'éloignement des familles et pèsent sur le moral, d'autant que les départs en opérations extérieures peuvent parfois être plus difficiles à vivre, pour l'arrière, quand l'épidémie s'emballe ou quand les écoles ferment.

Protéger la population, protéger le territoire, protéger la nation, en métropole et dans les outre-mer, sur le territoire national comme en opérations extérieures, telles sont les missions de nos armées ; en votre nom, je tiens à saluer leur action et à leur rendre hommage.

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