Depuis le débat de décembre 2020, fidèle à la mission que lui a confié le président Ferrand, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a régulièrement auditionné, en format bicaméral et transpartisan, les experts et institutions engagés dans la stratégie française de lutte contre la covid-19. Notre saisine, élargie par la commission des affaires sociales, concerne l'ensemble des outils scientifiques et technologiques de la stratégie. Je limiterai mon propos aux plus sensibles d'entre eux, en commençant par les modèles épidémiologiques.
Malgré des efforts de coordination et de perfectionnement remarquables, l'épidémiologie a été ces derniers mois soumise à rude épreuve, comme jamais dans son siècle d'existence, sous la triple pression scientifique, politique et médiatique. Certaines de ses prédictions, comme le taux de remplacement de la souche originale par le variant britannique, ont été remarquablement exactes. D'autres, comme le taux de progression de l'hospitalisation en février, furent bien plus approximatives. Les difficultés sont terribles : impact incertain des mesures sanitaires changeantes, effet retard, mélange de souches, détection incertaine. L'analyse soumise aux décideurs est rendue encore bien plus difficile par les fléaux sanitaires indirects liés aux déprogrammations d'hospitalisations d'une part, aux dégradations physiques et psychologiques dues à la distanciation d'autre part. Et pourtant, nous ne pouvons pas nous passer des prédictions épidémiologiques, en particulier pour analyser les capacités hospitalières et les conditions de contamination. Le tâtonnement semble inévitable : il est pratiqué, certes avec d'importantes variations stratégiques, par l'ensemble des pays occidentaux.
Ensuite, dans la stratégie de sortie durable de la crise, les vaccins apparaissent plus que jamais comme le pilier principal. Certes, de nouveaux traitements sont à l'étude et prometteurs, comme les anticorps monoclonaux en bithérapie, mais leurs modalités d'administration ne permettent pas de les utiliser à large échelle. On ne le répétera jamais assez : la mise au point et la production des vaccins en quelques mois seulement, selon une palette de méthodes innovantes, sont un tour de force et sans doute la meilleure nouvelle de cette pandémie. Sont aujourd'hui autorisés par l'Agence européenne du médicament deux vaccins à ARN – acide ribonucléique – messager – ceux des laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna – et deux vaccins à vecteur viral – d'AstraZeneca-Oxford et de Janssen – et sont en procédure de revue pour des autorisations très attendues le CureVac à ARN, le Spoutnik V à vecteur viral et le Novavax à protéines. Le retard de Sanofi interroge.