Intervention de Cédric Villani

Séance en hémicycle du mercredi 24 mars 2021 à 15h00
Suivi de la crise sanitaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, président de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques :

La réponse dépend de valeurs politiques et je me contenterai de poser le cadre. Trois pays sont notoirement en avance sur l'Europe : Israël, le Royaume-Uni et les États-Unis, chacun avec des atouts spécifiques. Israël a tiré parti de la très grande confiance de sa population envers la technologie pour passer un contrat inédit fondé sur la communication massive au laboratoire de précieuses données de santé en vie réelle ; le Royaume-Uni a profité de son vaccin « national », l'AstraZeneca-Oxford ; les États-Unis ont investi des milliards dans la recherche-développement sous forme de partenariats privilégiés dont l'Europe pourrait utilement s'inspirer. Ensuite, quelques pays européens – Serbie, Hongrie et Slovaquie – ont pris une certaine avance en prenant le risque d'aller chercher les vaccins russes et chinois ; le Chili a utilisé la même stratégie.

Puis vient l'Europe. Certes, elle a vacciné moins vite que les États-Unis, mais deux fois plus vite que la moyenne mondiale. En fait, les pays les plus défavorisés n'ont toujours pas accès au vaccin. Le vaccin doit-il aller en priorité aux pays riches ou être réparti à peu près équitablement dans le monde ? C'est en fonction de votre réponse à cette question politique que vous pourrez juger de la vitesse de la stratégie européenne.

Le principal facteur limitant est encore le rythme de production des vaccins mais déjà apparaissent les écueils et les hésitations vaccinales : retards chez les soignants, socle de 20 % de population résolument hostile aux vaccins, forte fluctuation d'image et de confiance dans les différents vaccins alors qu'objectivement, leurs capacités protectrices sont bien plus proches qu'on ne le pensait encore récemment. Au mois de décembre, mes chers collègues, je vous disais que les facteurs humains seraient la partie la plus délicate de la stratégie vaccinale ; nous y sommes. Les nouvelles du front scientifique sont remarquables, les nouvelles du front humain sont fort délicates. Dans les épidémies de l'avenir, les sciences humaines devront être prises encore plus à coeur.

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