La crise sanitaire que traverse notre pays depuis plus d'un an n'a épargné aucun pan de la société et le secteur associatif, dans son ensemble, a été frappé de plein fouet par l'épidémie.
Dans la perspective de ce débat, j'ai interrogé les associations de ma circonscription afin de rendre compte, le plus fidèlement possible, de leur situation respective, de leurs craintes, de leurs espoirs, et surtout des solutions qu'elles appellent de leurs voeux.
Selon qu'elles interviennent dans les domaines du sport, de la culture et des loisirs, de l'action sociale ou encore de la défense des droits, elles ont été affectées de manière différente par la crise.
Alors que les structures sportives et culturelles ont subi un arrêt brutal de leurs activités, les associations caritatives ont, en revanche, été sollicitées davantage. Dans le Puy-de-Dôme, le Secours catholique note ainsi une hausse de 300 à 400 % du nombre de ses bénéficiaires. Dans la seule ville de Riom, qui compte 19 000 habitants, plus de 120 familles se rendent désormais à l'épicerie solidaire pour la distribution de colis alimentaires, quand elles étaient 80 auparavant.
Quelle que soit la réalité du quotidien de ces associations, elles dressent les mêmes constats et leurs craintes se rejoignent. Il y a évidemment l'impact de la crise sur leurs finances : pour nombre d'entre elles, les manifestations, les compétitions, les représentations, tous les événements qu'elles organisent durant l'année constituent leur principale source de recettes. Or, en raison de l'épidémie, tout s'est arrêté et les annulations en chaîne de manifestations ont engendré des difficultés de trésorerie importantes. Les subventions des collectivités territoriales ont globalement été maintenues en 2020, malgré ces annulations, mais qu'en sera-t-il en 2021 ?
La question financière est certes importante. Néanmoins, la principale crainte des responsables associatifs, qui ressort avec force de la totalité des témoignages que j'ai recueillis, est celle de la perte du lien social. Toutes les associations pointent, en effet, l'extrême difficulté à se réunir et à maintenir le lien avec leurs adhérents, leurs licenciés et leurs bénévoles. En réalité, c'est une véritable crise existentielle que traversent actuellement les associations et nous risquons de voir certaines d'entre elles disparaître, purement et simplement, notamment dans les territoires ruraux.
Le mal qui les ronge, c'est la démotivation. Je tiens à souligner avec force l'engagement extraordinaire et la vitalité de l'ensemble des acteurs du tissu associatif qui n'ont eu de cesse, depuis le début de la pandémie, d'évoluer et d'adapter leurs pratiques, pour préserver ce lien à tout prix. Malgré cela, les associations craignent aujourd'hui de ne pas parvenir à retenir leurs bénévoles et à faire revenir leurs adhérents ou leurs licenciés.
Plusieurs facteurs expliquent cette triste perspective : une incompréhension face à la multitude des restrictions sanitaires ; des mesures annoncées trop peu expliquées concrètement – les associations ont souvent dû décoder seules les annonces ; une incompréhension aussi face aux différences de traitements, parfois mal acceptées, entre le sport individuel et le sport collectif, entre le maintien de l'ouverture des écoles et la fermeture des écoles de musique, par exemple ; et, surtout, l'absence totale de visibilité dans laquelle ses structures évoluent depuis des mois. En l'absence d'entraînements, de compétitions, de concerts, d'événements sportifs, comment se projeter et où trouver la motivation ? À quoi bon ?
Cette absence de visibilité entraîne, et entraînera encore, des conséquences dramatiques sur la santé mentale de nos concitoyens. J'aurais pu évoquer aussi l'impact sur la santé tout court, notamment celle des enfants, à la suite de l'arrêt des activités physiques.
Il nous faut trouver une réponse très rapidement à tous ces problèmes. Lorsqu'on interroge les associations sur les solutions à apporter aux difficultés qu'elles rencontrent, une fois encore, la réponse est unanime : elles n'attendent que de pouvoir, enfin, reprendre leurs activités. L'urgence est là. Toutes sont cependant conscientes que l'épidémie n'est pas encore derrière nous et que la reprise devra s'effectuer dans le respect de la santé de tous. Mais il devient urgent de reprendre les entraînements sportifs, notamment en intérieur, et les compétitions amicales, de rouvrir les gymnases et les lieux culturels, d'offrir aux associations une visibilité et des perspectives.
Il est impératif de leur redonner toute leur place et tout leur sens, de reconnaître que le monde associatif permet à des individus différents de se rencontrer, d'échanger, de partager, mais aussi de s'engager, de se sentir utiles et, en fait, de participer concrètement à la vie du pays.
Les réponses apportées jusqu'à présent ont été principalement économiques ; elles ont été bienvenues, même si elles sont insuffisantes. Mes collègues ont eu l'occasion de développer ces points hier soir, je n'y reviendrai donc pas.
L'aspect sur lequel je souhaite insister ce soir, c'est la nécessité d'une gestion territorialisée de la reprise des activités associatives. À l'heure où les mesures de lutte contre l'épidémie s'appliquent aux niveaux communal, intercommunal, départemental, il est impératif de penser cette reprise à la même échelle, les décisions nationales ne reflétant pas forcément la réalité des territoires.
Il faut permettre aux responsables associatifs, aux collectivités territoriales et aux élus locaux de travailler en étroite collaboration afin de définir des conditions de reprise adaptées à chaque territoire, notamment en ce qui concerne les accès aux installations : les jauges, les horaires, les protocoles. Il convient de s'appuyer sur la mise en commun de leurs expertises respectives et sur leur connaissance aiguisée du terrain pour redonner rapidement vie au monde associatif.