Intervention de Jean-Pierre Cubertafon

Séance en hémicycle du mercredi 24 mars 2021 à 21h15
Effets de la crise sur les associations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Cubertafon, Dem :

L'année 2020 aura été à l'origine de nombreuses difficultés pour le secteur associatif qui, depuis le premier confinement en mars 2020, subit de plein fouet les conséquences de la situation sanitaire. Beaucoup d'associations rencontrent de grandes difficultés financières et peinent à assurer leur mission ou à mobiliser leurs bénévoles. Alors qu'une partie de notre pays est à nouveau confinée, une période de grande incertitude s'ouvre donc pour les associations dont beaucoup se demandent si elles vont pouvoir subsister.

La crise de la covid a fortement affecté la trésorerie des associations en raison de la suspension de la plupart des événements qui permettaient de récolter des fonds – collectes, porte-à-porte, fêtes de village et de quartier, expositions. Lors du premier confinement, en effet, 56 % de ces structures ont été contraintes d'annuler des événements majeurs qui leur procuraient des revenus, beaucoup de ces rendez-vous n'ayant pu être reprogrammés depuis. À cela, il faut ajouter la baisse des dons et du mécénat, dans la mesure où nos entreprises et nos concitoyens sont également touchés par la crise.

Mais, et c'est peut-être le plus dramatique, l'impact de la crise se fait également sentir sur l'engagement associatif. Depuis vingt ans, 70 000 associations sont créées en moyenne chaque année ; en 2020, ce chiffre a baissé de plus de 40 %. Les adhésions sont également en nette diminution : les secteurs du sport, du loisir ou de la culture font état d'un recul allant de 25 à 40 %. Enfin, en raison d'une plus grande vulnérabilité des seniors face au virus, la crise a privé les associations d'une partie de leur bénévolat, qui comme chacun le sait est très important. La situation est particulièrement inquiétante lorsque la vie sociale repose en grande partie sur le tissu associatif et ses bénévoles. Songeons aux associations d'anciens combattants qui nous permettent d'exercer notre devoir de mémoire, aux associations caritatives qui nous permettent de récolter des fonds – je pense à l'opération octobre rose ou au Téléthon – , aux confréries qui mettent en lumière nos terroirs lors de fêtes gastronomiques locales, aux salons et expositions associatives qui font vivre la culture, aux comités des fêtes, aux clubs des aînés qui assurent le lien social. Je veux d'ailleurs saluer ici tous les bénévoles de France, chevilles ouvrières du lien social dans nos territoires. Leur engagement est à la fois une valeur et un exemple précieux dans notre société.

Toutefois, tout n'a pas été noir durant cette crise. Face à cette situation inédite, nombre de nos concitoyens se sont spontanément mobilisés. Engagé dans des actions inventées en quelques jours qui ont fait progresser les pratiques associatives, notre pays a renvoyé l'image d'une France solidaire face au virus.

Devant les difficultés du monde associatif, les pouvoirs publics eux-mêmes se sont bien évidemment mobilisés. L'État a maintenu le versement des subventions prévues avant la crise et a ouvert l'accès au fonds de solidarité et au chômage partiel pour les associations employeuses.

Beaucoup de collectivités territoriales ont mis en place des dispositifs spécifiques de soutien : aides exceptionnelles aux associations en danger, accompagnement renforcé et direct de certaines associations ou avec l'appui des structures d'accompagnement locales. Malgré tous ces dispositifs, selon le mouvement associatif, 66 % des associations ont été appelées à suspendre leur activité ou à revoir leur mode de fonctionnement. En septembre, près de 30 000 associations risquaient déjà de déposer le bilan.

Il s'agit donc aujourd'hui d'aller plus loin en matière de soutien du monde associatif : je veux parler de toutes ces associations entièrement bénévoles qui produisent 90 % des activités culturelles et sportives du pays. Je pense aussi aux associations du secteur médico-social, plus fortement sollicitées pendant la crise sanitaire. C'est pourquoi nous devons aujourd'hui plus que jamais soutenir notre tissu associatif territorial ; nous devons l'aider à faire face aux vagues épidémiques et nous voulons qu'il soit surtout demain une aide à la reconstruction du lien social dans notre pays.

Si nous y arrivons, il en sortira plus fort car il aura su inventer de nouveaux modes d'action et mobiliser de nombreux Français. Mesdames les secrétaires d'État, nous comptons sur vous.

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