Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du jeudi 25 mars 2021 à 9h00
Musées d'orsay et de l'orangerie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Dès 1976, la culture, rétrogradée au rang de secrétariat d'État, a été diluée dans le marché libéral et la communication. Le citoyen n'est plus usager de la culture, mais consommateur de produits culturels, influencé par l'American way of life.

Ce rappel étant fait, je dirais un mot de votre bilan dans le domaine de la culture et de l'état de la culture en France. Puisqu'on parle de musées, j'alerte en premier lieu sur la situation désespérante des guides conférenciers, qui subissent de plein fouet la crise sanitaire. Entre l'effondrement du nombre de visiteurs, l'emploi du temps incertain et la fermeture des lieux culturels, beaucoup basculent et sombrent dans la précarité, voire envisagent d'abandonner leur métier, qu'ils exercent souvent par vocation et par passion. La détresse financière est surtout le fait des guides indépendants, moins protégés que les salariés des musées. Certains d'entre eux s'interrogent sur la pertinence de notre débat et du temps que nous lui consacrons eu égard à la détresse dans laquelle se trouvent nombre de professionnels du secteur.

Vous n'êtes pas sans savoir que le secteur culturel traverse l'une des plus grandes crises de son histoire. Ce matin, presque soixante-quinze théâtres sont occupés pour diverses raisons, notamment la lutte contre toutes les précarités, la revendication d'une seconde année blanche pour tous les intermittents, l'abandon de la réforme délétère de l'assurance chômage et la réouverture des lieux culturels, comme à Berlin ou à Barcelone. Face à cette mobilisation d'ampleur, il est insupportable d'entendre la ministre de la culture qualifier d'inutiles et dangereux ces mouvements de lutte, qui ne visent qu'à mettre en lumière un quotidien désespérant.

La culture n'est pas un secteur économique comme un autre ; il s'agit aussi d'une nourriture intellectuelle, d'un support de lien social et d'épanouissement entre les êtres humains. Encore et toujours, j'insiste sur l'urgence de déconfiner la culture. La fermeture des lieux culturels, l'empêchement de pratiquer son art, l'impossibilité de vivre un film, un spectacle ou un concert ne sauraient tenir lieu de perspectives de réenchantement pour une société toujours en proie à une crise sanitaire majeure.

À plusieurs reprises, lors des séances de questions, j'ai alerté le Gouvernement. Les interventions de Mme Bachelot n'ont pas été à la hauteur, puisqu'elles ne répondaient à aucune des revendications légitimes des occupantes et des occupants des théâtres français. C'est la raison pour laquelle je profite de ce temps de parole pour porter la voix des artistes et professionnels des arts et de la culture, et d'une certaine façon du public, dont nous faisons tous partie.

Le groupe La France insoumise ne s'opposera pas à cette proposition de résolution, …

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.