Vous mettez le doigt sur le point nodal. La bataille en matière d'intelligence artificielle, comme en matière de recherche, est avant tout une bataille pour l'intelligence humaine. Historiquement, l'Europe et la France forment d'excellents chercheurs. Cependant, elles faisaient face à un double problème : elles n'en formaient pas assez et nombre d'entre eux, notamment parmi les meilleurs, partaient.
Le coeur de la stratégie dans l'ensemble des secteurs que vous évoquez est donc de créer les conditions permettant de conserver les meilleurs chercheurs. Qu'est-ce que cela implique ? D'abord, d'augmenter les salaires. C'est pourquoi, dans le cadre du plan intelligence artificielle, nous avons créé 270 doctorats, développé le nombre de chaires et fait en sorte que les conditions de la recherche dans ce domaine, pour les chercheurs français ou étrangers d'ailleurs, soient améliorées. La question du salaire des chercheurs, notamment au cours des premières années de carrière, est ainsi centrale dans la LPPR – loi de programmation pluriannuelle de la recherche.
Le deuxième élément, c'est la question de l'environnement et de l'écosystème dans lequel un chercheur évolue. Il décide en effet de rester et de travailler dans un pays si l'écosystème, les gens qu'il rencontre, les autres chercheurs sont au bon niveau. Pour vous citer un exemple, j'ai rencontré il y a peu un chercheur venu travailler au sein d'un centre de recherche – celui de Facebook, je crois. Ce Français, qui a habité aux États-Unis, est revenu travailler en France sur l'intelligence artificielle précisément parce que Google, mais aussi d'autres entreprises, d'autres chercheurs étaient présents sur le territoire. La question de l'attractivité de la France vis-à-vis des meilleures entreprises et des meilleurs centres de recherche est donc tout à fait centrale.
C'est pourquoi nous investissons pour former plus de personnes dans les différents secteurs – le quantique, l'intelligence artificielle, la cybersécurité – et nous ? uvrons à encourager l'investissement des entreprises étrangères, mais aussi françaises, comme Clitéo ou Orange, pour créer cet environnement favorable qui doit nous permettre d'attirer les meilleurs talents internationaux et de les garder.