Intervention de Célia de Lavergne

Séance en hémicycle du lundi 29 mars 2021 à 16h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCélia de Lavergne, rapporteure de la commission spéciale pour le titre V :

Pour évoquer le titre V du projet de loi, « Se nourrir », permettez-moi de vous amener de la fourche à la fourchette.

La fourche, d'abord. De tout temps, les paysans ont déployé leur énergie, leur savoir-faire et leur inventivité pour répondre aux attentes de la société : nous nourrir toujours plus, toujours mieux, en respectant leur outil de travail, la terre, bien commun de l'humanité et leurs bêtes. Aujourd'hui, ils font aussi face au dérèglement climatique et s'y préparent. Je veux avant tout rendre hommage à leur dévouement et à leur capacité d'adaptation et de transformation. Des efforts, ils en ont déjà fait, et de considérables. Ils sont prêts à en faire davantage mais, pour cela, ils veulent notre considération et la juste rémunération de leur travail. Cette rémunération, nous y travaillons depuis la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite loi ÉGALIM ; bientôt, notre collègue Grégory Besson-Moreau vous présentera en outre une proposition de loi sur ce sujet.

Le chemin à parcourir est immense. La rémunération des producteurs baisse depuis plus de trente ans ; la moitié d'entre eux gagnent moins de 500 euros par mois. Selon l'INSEE, c'est la profession qui travaille le plus mais qui gagne le moins, et, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, celle dont le taux de suicide est le plus élevé. Nous devons une juste rémunération aux producteurs : pour eux, pour la souveraineté alimentaire de notre pays et pour le climat, car, toutes les études le montrent, un paysan qui gagne bien sa vie est un paysan qui transforme plus facilement ses pratiques.

Pour faire progresser ce sujet en mobilisant le consommateur, qui constitue un maillon très puissant pour le changement des pratiques des distributeurs et des industriels, je défendrai un amendement visant à expérimenter un indicateur, pour chaque produit alimentaire, de la juste rémunération au producteur – une sorte de « rémunéra-score », sur le modèle du nutri-score, qui permettra un choix responsable et éclairé du consommateur et incitera les industriels et distributeurs à les considérer davantage.

En matière d'enjeux climatiques, le projet de loi cible les émissions d'ammoniaque et de protoxyde d'azote, qui représentent 42 % des émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture française.

En France, si la question de l'azote a été traitée sous l'angle des nitrates présents dans l'eau et si les agriculteurs ont déjà diminué l'utilisation d'engrais azotés minéraux de 20 % depuis 1990, force est de constater qu'il reste un long chemin à parcourir quant aux pollutions dans l'air. Nous devons le parcourir ensemble : exécutif, Parlement et agriculteurs. C'est selon moi le seul moyen pour aboutir sur cet enjeu commun, et c'est le sens des amendements déposés en commission spéciale, qui permettront au Parlement de disposer annuellement d'un état des lieux des efforts en la matière, donc de légiférer en amont de chaque projet de loi de finances en connaissance de cause. Si les objectifs fixés aux articles 62 et 63 ne sont pas respectés, l'instauration d'une fiscalité adaptée est prévue ; surtout, des budgets ad hoc permettront de respecter la trajectoire.

Venons-en à la fourchette et à nos assiettes. L'article 59 ouvre le débat de la place du repas végétarien dans nos cantines et l'article 60 celui de la qualité de la restauration collective. Ma conviction est simple : cessons d'opposer défenseurs de la viande et végétariens.

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