Il faut arbitrer les conflits d'usage de l'eau et libérer la paysannerie du poids des dettes qu'elle a dû contracter pour se mettre en ligne avec le modèle agricole actuel. Il convient de l'appeler à développer toute la créativité dont la jeune génération compétente est capable. Je l'ai dit tout à l'heure, nous pouvons agir sur les forêts : nous possédons le deuxième massif d'Europe, nous y pouvons quelque chose ! Nous connaissons depuis le XVIIIe siècle le rapport entre les forêts et le climat. Ce n'est donc pas une invention du moment. Buffon l'explique très bien en évoquant les « colères du ciel », dans un texte que vous pouvez lire. Évidemment, cette croyance a conduit à des abus, mais elle présente un grand intérêt pour notre réflexion.
Nous devons interdire les coupes rases dans les forêts. Nous devons embaucher plus d'agents à l'ONF, leur garantir un statut stable et leur accorder tout ce que la loi leur permet d'avoir, et qui aujourd'hui leur est refusé.
La société pour laquelle nous nous battons à propos du défi écologique ne se résumera jamais à tel ou tel ensemble de règles – même s'il faut évidemment qu'on en parle et qu'on en décide : c'est la société de l'entraide et du partage. Cette histoire va mal tourner, nous le savons tous. Et dans ces mauvais moments, nous nous souvenons de ce que l'anthropologie nous a appris : si, en dépit des mauvaises habitudes qu'elle a prises sous le régime général actuel de l'égoïsme, de la compétition permanente et de l'aspiration à la jouissance de biens inutiles, l'humanité reste ce qu'on l'a vue être pendant des millénaires, on sait que dans la difficulté, c'est la volonté d'entraide qui l'emportera – comme en ce moment d'ailleurs ! Une société de l'entraide, c'est possible : c'est celle des services publics, de la décision en faveur de l'intérêt général, dont elle ne croit pas qu'il résulte seulement de l'addition des intérêts particuliers. La France peut faire beaucoup dans ce domaine, pour le bien de l'humanité : tout d'abord, mettre en partage les savoirs dont elle dispose. Est-ce que ce ne serait pas une grande mesure écologique que de créer une université des océans, puisque nous sommes le deuxième territoire maritime du monde ?