Oui, mais ça, c'est la vie réelle. Tout ceci est de mauvais augure. L'universalisation de l'humanité se vit au quotidien, dans la créolisation des moeurs, des habitudes, des langues. Mais pour ce qui concerne les sciences et les techniques, tout reste à faire puisqu'il a été décidé stupidement de mettre des brevets partout – c'est-à-dire de faire des fruits de l'intelligence une propriété privée – ce qu'on n'avait pas connu par le passé. C'est en libérant la société de cette chaîne et des comportements qu'elle induit, que nous nous libérerons tous, qui que nous soyons, quels que soient notre couleur de peau, notre religion ou notre genre.
Au fond, ce dont il est question à travers des débats comme celui-ci, c'est que s'il y a un peuple humain de fait, encore faut-il qu'il le soit dans sa conscience de lui-même. S'il y a un peuple humain, s'il y a un peuple terrien, s'il l'est pour lui-même, alors nous aurons fait oeuvre utile, au sens où nous aurons repris l'ancienne injonction figurant sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes, où toute l'humanité pensante européenne de l'époque se rassemblait pour méditer. Devenir le peuple humain, c'est appliquer une bonne fois cette idée individuelle : « Connais-toi toi-même ». Tu es d'abord humain, semblable aux autres.