Mme Danièle Cazarian attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur une récente enquête du Monde en date du 27 décembre 2017, qui a révélé une véritable fracture sanitaire. La France connaît une pénurie de gynécologues. En baisse de 41,6 % en dix ans, le nombre de gynécologues n'est aujourd'hui plus que de 1 136 et les prévisions à venir sont encore plus alarmantes, puisque d'ici 2025, le nombre de gynécologues devrait encore baisser pour atteindre le chiffre de 531 spécialistes. Cette situation a pour effet de rendre très difficile et parfois impossible pour certaines femmes de bénéficier d'un suivi gynécologique, et les oblige parfois à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres et de sortir de leur département pour être suivies, notamment en cas de grossesse. De nombreuses femmes se retrouvent donc contraintes de se passer de consultations auprès d'un spécialiste et de recourir aux services d'un généraliste ou de sages-femmes et parfois de renoncer purement et simplement à un suivi gynécologique, ne souhaitant pas solliciter leur médecin généraliste. Cette pénurie est le résultat d'une décision des pouvoirs publics de ne plus former de gynécologues entre 1987 et 2003 afin de s'aligner sur les formations existantes dans les autres pays européens. Suite à une mobilisation du comité de défense de la gynécologie médicale, une soixantaine de gynécologues sont à nouveau formés dans les facultés de médecine françaises chaque année. Ce chiffre est toutefois largement insuffisant pour répondre aux besoins de la population et faire face aux très nombreux départs en retraite prévus dans les prochaines années. Aussi, elle la sollicite afin de savoir quelles mesures elle compte prendre afin de remédier à cette pénurie et s'il est envisagé d'augmenter le nombre de gynécologues formés dans les facultés de médecine française.
Le nombre de postes offerts en gynécologie médicale à l'issue des épreuves classantes nationales (ECN) de médecine a plus que doublé entre 2012 et 2016. Pour l'exercice 2017, l'arrêté du 6 juillet 2017 a fixé ce nombre à 64 au titre de l'année universitaire 2017-2018. Ce volume de postes a été déterminé en lien avec l'observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), qui a émis ses propositions du nombre d'internes à former sur la base de concertations locales menées par ses comités régionaux, afin de prendre en compte les besoins locaux tout en préservant la qualité de la formation. L'ONDPS a ainsi préconisé l'ouverture de 65 postes de gynécologie médicale à l'issue des ECN 2017. Aussi, dans un contexte où le nombre de postes à ouvrir s'est révélé sensiblement moins important que ce qui avait été prévu, compte-tenu d'un nombre d'étudiants présents aux épreuves inférieur à ce qui était pressenti, il a néanmoins été souhaité préserver certaines spécialités, dont la gynécologie médicale. C'est pourquoi le nombre de postes a été fixé à 64, soit une diminution d'une seule unité par rapport aux propositions de l'ONDPS, afin de s'approcher au plus près des préconisations de l'observatoire et des demandes des acteurs locaux.
1 commentaire :
Le 29/01/2018 à 17:16, A.dele (sage-femme) a dit :
Madame Cazarian,
Si les compétences des sages-femmes étaient mieux connues, les femmes en bonne santé pourraient bénéficier de leur compétences en matière de gynécologie et de suivi périnatal (suivi de grossesse et du post-partum), permettant de ce fait de libérer de la place chez les gynécologues pour les femmes malades, ayant besoin de leurs services. Parce que oui, Madame, les sages-femmes sont formées au suivi gynécologique, et sont de plus en plus nombreuses sur le territoire français. Si les femmes le savaient, elles n'auraient pas à renoncer à leur suivi.
De plus, Madame, vous confondez deux spécialités médicales : gynécologue médical et gynécologue-obstétricien. Les gynécologues médicaux ne suivent les grossesses que jusqu'à 6 mois, et ce sont eux dont la démographie diminue (mais il en reste beaucoup plus que vous ne le prétendez, je vous laisse vérifier sur le site de l'INSEE). Les gynécologues-obstétriciens n'ont pas de soucis de démographie eux. Les grossesses sont sauvées.
Madame, cette question montre simplement votre manque de connaissance sur ce sujet. Oui, il faut former plus de médecin, c'est indéniable. Mais il faut aussi, et surtout, que les femmes soient mieux orientées. Une femme en bonne santé n'a pas besoin d'un gynécologue. En laissant aux sage-femme la physiologie, les gynécologue se libéreraient du temps pour leurs patientes malades. Et tout le monde pourrait se faire suivre.
Bien à vous.
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