Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de Wikipedia

Jean-Michel Jacques
Question N° 14809 au Secrétariat d'état au numérique


Question soumise le 4 décembre 2018

M. Jean-Michel Jacques attire l'attention de M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique, sur l'insuffisance des engagements et des obligations des opérateurs en ligne à supprimer les contenus sur internet promouvant la haine et le terrorisme. Plus que jamais pullulent sur les réseaux sociaux un nombre incommensurable de propos racistes, antisémites, négationnistes, anti-musulmans, homophobes, sexistes, etc. Afin de lutter contre la propagation de ce type de discours haineux, un accord avait été signé le 31 mai 2016 entre plusieurs géants du Net et l'Union européenne. Aussi, Facebook, Twitter, YouTube et d'autres s'étaient engagés à examiner la « majorité des signalements valides » en « moins de 24 heures ». Selon un rapport publié récemment par l'European Grassroots Antiracist Movement et s'appuyant sur le recensement et l'analyse des discours de haine présents sur les réseaux sociaux, seuls 31 % des contenus haineux signalés seraient supprimés sous 24 heures. La lutte contre la haine en ligne revêt un caractère urgent. Ce type de contenus induit un recul de l'État de droit sur internet, ce qui n'est pas tolérable. En ce sens, il souhaiterait connaître les mesures étudiées au niveau national et au niveau européen pour faire reculer la haine en ligne. Il souhaiterait également avoir des précisions sur les pistes de réflexions relatives au renforcement du régime de responsabilité des géants d'internet.

Réponse émise le 18 février 2020

Le Gouvernement a engagé très rapidement d'importants travaux en vue de lutter contre la diffusion en ligne des contenus de haine, en associant l'ensemble des parties prenantes (associations de défense des libertés, représentants des plateformes, pouvoirs publics). Le rapport visant à renforcer la lutte contre le racisme et l'antisémitisme sur Internet remis en septembre 2018 a ainsi étayé et documenté les menaces croissantes et préoccupantes liées la dissémination des contenus de haine sur Internet. Ce constat, partagé en France, est également faits dans d'autres Etats, comme en témoignent les travaux menés en 2019 pendant la présidence française du G7 en faveur d'une charte internationale sur le sujet (« Charter for a free, open and safe Internet »). Au regard de ce fléau, le Gouvernement s'est mobilisé activement en faveur de la proposition de loi déposée en mars 2019 par Mme la députée Avia et contribue pleinement à la construction d'un cadre juridique robuste sur le sujet. Le Gouvernement a engagé la procédure accélérée sur ce texte et la loi devrait être définitivement adoptée au premier trimestre 2020. Elle permettra d'établir un cadre institutionnel de régulation administrative et de supervision continu et cohérent des pratiques des grandes plateformes numériques dans la lutte contre les contenus de haine sur Internet. Le Gouvernement entend également porter le sujet au niveau européen et prépare en ce sens de nouvelles propositions, qui devraient s'inscrire dans le projet de « Digital Services Act » porté par la Commission européenne.

3 commentaires :

Le 04/07/2019 à 23:50, chb17 a dit :

Avatar par défaut

Traquer la haine dans les commentaires sur le net, ah la bonne idée. Ou presque.

Responsabiliser les grosses boîtes qui se font du bénéfice sur nos données personnelles, c'est en apparence une autre précieuse trouvaille, mais voilà que c'est aussi libérer la tendance de facebook et autres acteurs de bigdata à nous espionner. Pire, la loi, en se défaussant sur elles, va les autoriser mais les contraindre à faire en permanence le flic et le juge, et elle va donc renforcer leur emprise monopolistique sur notre vie en ligne...

Quand, au-delà du terrorisme (déjà délicat à cerner) on va leur confier le choix de définir la haine, il ne sera plus question de détester les responsables ou l'ordre établi sur le web. Bientôt on n'aura plus de possibilité de critiquer les puissants via ces entreprises électroniques privées de plus en plus universelles. Celles-ci auront beau jeu de se prémunir de formidables amendes, de se protéger en étouffant la dissension dans leurs pages.

Ce pouvoir de contrôle et de censure donné aux GAFAM n'est-il pas incompatible avec les libertés publiques qu'est censée défendre la République ? Comment le maintien de l'ordre (moral) peut-il être délégué ainsi à des entités qui détiennent déjà, hors de toute démocratie, un énorme pouvoir financier et la mémoire de tous nos actes ?

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 29/11/2019 à 07:47, LUDOVIC BENABES a dit :

Avatar par défaut

En tous cas Monsieur le député, vous avez bien compris comment censurer ceux qui s'expriment sur votre politique et qui vous dérange sur

Facebook et Twitter...

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 29/11/2019 à 10:04, Laïc1 a dit :

Avatar par défaut

Tout pouvoir repose sur la censure, mais ils n'apprennent pas ça à sciences po, c'est normal, ils s'autocensurent, ils font de la politique sur eux-mêmes, sans s'en apercevoir.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.