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Loïc Dombreval
Question N° 30268 au Ministère des solidarités


Question soumise le 9 juin 2020

M. Loïc Dombreval attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, dans la perspective de prévenir de futures crises sanitaires d'origine zoonotique, sur la nécessité de mettre en œuvre à un niveau international une approche sanitaire globale et transdisciplinaire décloisonnant médecine humaine et médecine animale. Aujourd'hui les infections zoonotiques constituent une menace croissante. En effet, 60 % des maladies infectieuses connues sont d'origine animale et l'importance sanitaire des zoonoses ne cesse de croître puisqu'environ 75 % des maladies humaines émergentes sont zoonotiques. Les salmonelloses, les leptospiroses, la brucellose, la tuberculose, la rage ou la maladie de Lyme sont, par exemple, présentes dans la majorité des pays. Les encéphalites virales comme l'encéphalopathie spongiforme bovine ou l'influenza aviaire hautement pathogène (H5N1) sont plus graves encore et qualifiées de zoonoses majeures. Les coronaviroses sont répandues et bien connues chez les animaux. Les coronavirus comme le SARS-CoV1, le MERS-CoV ou le SARS-CoV2 (covid-19) en font partie. Leur point commun réside dans le franchissement de la barrière d'espèces pour arriver à l'homme. Ces maladies d'origine animale engendrent des coûts humains et économiques majeurs. Alors que la pandémie du covid-19, dont l'origine en lien avec les espèces sauvages se précise, n'est toujours pas maîtrisée et que l'on déplore plus 355 000 morts dans le monde entier, on constate que toutes les économies mondiales s'installent désormais dans une récession économique durable. Des solutions passent sans doute par une nouvelle approche et une nouvelle organisation de la coopération internationale pour l'avenir. Il semble, en effet, indispensable de changer de paradigme sanitaire et promouvoir le concept d'« une seule santé», héritier de la biopathologie comparée initiée par le père de la médecine vétérinaire, Claude Bourgelat, et des travaux de Louis Pasteur. Six organisations internationales se sont d'ailleurs regroupées pour coordonner les différents systèmes de santé à l'échelle de la planète : l'OMS, l'UNICEF, la FAO, l'ONU, la Banque mondiale et l'OIE. À ce sujet, il faut mentionner la « tripartite » formée par FAO-OMS-OIE qui a développé des stratégies communes sur certains sujets, en particulier la lutte contre l'antibiorésistance, programme décliné dans de nombreux pays, notamment en voie de développement ou en transition. L'Académie vétérinaire de France, l'Académie nationale de médecine et l'Académie de pharmacie ont indiqué dans de récents communiqués que la pandémie actuelle était l'occasion de mettre concrètement en pratique le concept « une seule santé », pour la préservation de la santé de l'humanité. La France maintient une forte présence sur la scène internationale, tant à travers sa participation aux instruments multilatéraux que par le biais de sa coopération bilatérale. Composé de 32 instituts indépendants dans lesquels travaillent près de 8 500 agents répartis sur les cinq continents, le réseau international des Instituts Pasteur constitue une structure unique au monde dans le domaine de la santé humaine et un levier majeur pour le pays. Plusieurs instituts français de recherche environnementale, agronomique ou vétérinaire ont également une implantation forte dans les pays en développement. Il souhaite donc savoir comment il entend œuvrer pour qu'une coopération internationale soit l'occasion d'accélérer le développement d'approches transdisciplinaires valorisant le concept d'« une seule santé », concept qui appelle à supprimer le cloisonnement entre les sciences environnementales et la médecine humaine et vétérinaire.

Réponse émise le 28 juillet 2020

L'approche « Un monde, une santé » soutenue notamment par l'organisation mondiale de la santé s'applique à la conception et la mise en œuvre de programmes, de politiques, de législations et de travaux de recherche pour lesquels plusieurs secteurs communiquent et collaborent en vue d'améliorer les résultats en matière de santé publique. Cette approche est particulièrement citée comme pertinente pour les domaines de la sécurité sanitaire des aliments, de la lutte contre les zoonoses (maladies susceptibles de se transmettre de l'animal à l'homme et inversement, comme la grippe, la rage et la fièvre de la vallée du Rift) et de la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Mais, elle est aussi essentielle pour lutter contre les différentes maladies chroniques pour lesquelles la majorité des déterminants se situent dans d'autres secteurs que celui de la santé. La crise sanitaire du COVID-19 rappelle le lien entre santé humaine et santé animale et santé et environnement. Les comportements humains, par leur impact sur la biodiversité ou le changement climatique, jouent un rôle majeur dans l'émergence des infections virales zoonotiques. Cette crise a ainsi mis en lumière la nécessité de mobiliser de nouveaux leviers permettant d'agir efficacement, en matière de prévention et de lutte contre les zoonoses émergentes. Plusieurs leviers ont d'ores et déjà été utilisés pour développer ce concept de « One Health ». Je peux notamment citer : - la création du comité interministériel pour la santé (CIS) qui regroupe, sous la présidence du Premier ministre, l'ensemble du Gouvernement dans le but de mener une politique intersectorielle de santé. En pratique, ce comité a été mobilisé pour valider et piloter le Plan national de santé publique (« priorité prévention ») qui couvre l'ensemble des sujets de prévention et de promotion de la santé (alimentation, activité physique, addictions, vaccination, …). - la mise en place du service sanitaire des étudiants en santé. Dans ce cadre, 47 000 étudiants en médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, kinésithérapie et soins infirmiers suivent un module de trois mois, incluant l'acquisition de compétences en prévention et développant des actions auprès de tous les publics. Ce service sanitaire, qui permet une approche décloisonnée de la santé, a vocation à s'élargir à d'autres étudiants du monde de la santé, comme les étudiants vétérinaires. Par ailleurs, dès cette année, et avec la ministre en charge de l'écologie, le ministre des solidarités et de la santé mène une intégration concrète du concept « Un monde, une santé » dans le Plan National Santé Environnement 4 actuellement en cours d'élaboration, en ayant une approche intégrée et unifiée de la santé humaine, animale et plus largement, des écosystèmes. Avec le ministre chargé des affaires étrangères, le ministre chargé de la santé s'attachera également à un renforcement de l'alliance tripartite internationale OMS/FAO/OIE pour la prévention et la lutte contre les risques sanitaires à l'interface homme-animal-écosystèmes.

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