Publié le 7 octobre 2020 par : Mme Cazebonne, Mme Bureau-Bonnard, M. Claireaux, Mme Givernet, Mme Lakrafi, M. Lauzzana, Mme Louis, Mme Petel, Mme Vignon, Mme Guerel, Mme Provendier, Mme Degois, Mme Rossi, Mme Granjus, Mme Khedher, Mme Vanceunebrock, M. Testé, M. Touraine.
Cet amendement a été déclaré irrecevable après publication en application de l'article 98 du règlement de l'Assemblée nationale
Cet amendement vise à protéger l’empathie des mineurs envers les animaux, en les protégeant de l’exposition à la violence exercée sur ces derniers, êtres vivants doués de sensibilité aux termes de l'article 515-14 du Code civil, y compris dans un contexte de tradition. Il vise également à ce que les traditions locales ininterrompues faisant l’objet d’une dérogation aux dispositions de l’article 521-1 ne puissent être enseignées à des mineurs ou leur être présentées dans le cadre d’activités de familiarisation, afin d’éviter que les enfants considèrent que la souffrance animale puisse être légitimée par l’art ou le divertissement.
En effet, des études (Thompson & Gullone, 2006, Bowne, Hensley & McGuffee, 2016) montrent, pour les adolescents ayant été témoins plus jeunes de maltraitance animale, d’un risque accru d’exercer de la violence sur les animaux. De plus, une étude française récente (Laurent Bègue, 2020), avec un échantillon de 12 344 adolescents, a montré le lien entre le fait de commettre des actes de cruauté sur les animaux et le fait de considérer que les animaux ont peu de valeur.
Si cet amendement vise donc à contribuer à diminuer le nombre d’actes de maltraitance animale, il vise également à protéger les enfants. En effet, chez les personnes ayant été exposées enfants à la violence sur animaux, des études ont également mis en évidence un risque d'effets subjectifs importants et un risque accru de conduites délinquantes ou violentes. Par ailleurs, la maltraitance sur animaux par les adultes au sein d’un foyer est souvent révélatrice de violence intrafamiliale.
Les moins de 18 ans sont d’ailleurs protégés de ces scènes dans le cadre du travail, par l’article D4153-37 du Code du Travail qui précise qu’il est interdit d'affecter les jeunes à des travaux d'abattage, d'euthanasie et d'équarrissage des animaux ainsi qu’à des travaux en contact d'animaux féroces ou venimeux.
Les effets négatifs de l’exposition à la violence sur les animaux sont également présents lorsque celle-ci est exercée au nom de la tradition, comme les courses de taureaux avec sévices graves ou les combats de coq. Une étude espagnole (Grana y Cruzado, 2004) rapporte qu’une majorité d’enfants ont un sentiment défavorable sur les corridas, et qu’après avoir regardé une vidéo de corrida, leur score d’agressivité et leur score d’anxiété est plus élevé si les images étaient accompagnées de commentaires festifs plutôt que de commentaires neutres.
De nombreux témoignages d’adultes ayant assisté à des corridas étant mineurs font état de l’impact traumatisant laissé par ce spectacle.
Un ensemble de psychiatres et de psychologues français mettent ainsi en garde contre le traumatisme que peut générer le fait d’assister à des scènes violentes sous les applaudissements d’adultes de confiance, auprès de qui il sera difficile de faire admettre la tristesse ou l’anxiété provoquées, contre le risque d’accoutumance à la violence, et contre le décalage entre les valeurs enseignées à l’école (pas de violence gratuite) et ces scènes de violence valorisées par des adultes.
C’est pourquoi le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, organe chargé de vérifier l'application de la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE) dans les différents États parties, estime que l’intérêt supérieur de l’enfant (c’est-à-dire le mineur) étant en jeu, la responsabilité des États l’emporte sur celle des détenteurs de l'autorité parentale. En 2016, il a ainsi recommandé à la France « de redoubler d’efforts pour faire évoluer les traditions et les pratiques violentes qui ont un effet préjudiciable sur le bien-être des enfants, et notamment d’interdire l’accès des enfants aux spectacles de tauromachie ou à des spectacles apparentés ».
Or, comme État partie de la CIDE (Convention internationale des droits de l’enfant), traité juridiquement contraignant, la France doit rendre un rapport public tous les 5 ans concernant le suivi d’application des recommandations.
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