Publié le 3 mars 2021 par : M. Pahun, Mme Lasserre, Mme Josso, Mme Tuffnell.
I. - La section 3 du chapitre IV du titre Ier du livre II du code des postes et des communications électroniques, telle qu’elle résulte de la présente loi, est complétée par un article L. 38‑6 ainsi rédigé :
« Art. L. 38‑6. – I. – Dans les conditions définies au présent article, est rendue obligatoire l’écoconception des services de communication au public en ligne des organismes suivants :
« 1° Les personnes morales de droit public, à l’exclusion des collectivités territoriales et de leurs groupements dont la population est inférieure à un seuil fixé par le décret en Conseil d’État mentionné au III ;
« 2° Les personnes morales de droit privé délégataires d’une mission de service public, ainsi que celles créées pour satisfaire spécifiquement des besoins d’intérêt général ayant un caractère autre qu’industriel ou commercial et dont :
« a) Soit l’activité est financée majoritairement par une ou plusieurs personnes mentionnées aux 1° et 3° du présent I et au présent 2° ;
« b) Soit la gestion est soumise à leur contrôle ;
« c) Soit plus de la moitié des membres de l’organe d’administration, de direction ou de surveillance sont désignés par elles ;
« 3° Les personnes morales de droit privé constituées par une ou plusieurs des personnes mentionnées aux 1° et 2° pour satisfaire spécifiquement des besoins d’intérêt général ayant un caractère autre qu’industriel ou commercial ;
« 4° Les entreprises dont le chiffre d’affaires excède un seuil défini par le décret en Conseil d’État mentionné au III.
« II. – L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse contrôle le respect de l’obligation prévue au premier alinéa du I.
« En cas de manquement à cette obligation, la personne concernée est mise en demeure par l’Autorité de s’y conformer dans un délai qu’elle détermine. Lorsque l’intéressé ne se conforme pas, dans le délai fixé, à cette mise en demeure, l’Autorité peut prononcer à son encontre :
« 1° Une sanction pécuniaire dont le montant est proportionné à la gravité du manquement et à sa situation sans pouvoir excéder 3 % du chiffre d’affaires hors taxes du dernier exercice clos, ce plafond étant porté à 5 % en cas de nouvelle infraction. À défaut d’activité antérieure permettant de déterminer ce plafond, ou si le contrevenant n’est pas une entreprise, le montant de la sanction ne peut excéder 150 000 €, porté à 375 000 € en cas de nouvelle violation de la même obligation. Le présent 1° ne s’applique pas si le contrevenant est l’État ;
« 2° Une interdiction de la publication des services de communication au public en ligne concernés, jusqu’à ce que des actions visant à remédier au manquement aient été engagées.
« Les sanctions pécuniaires sont recouvrées comme les créances de l’État étrangères à l’impôt et au domaine.
« III. - Un décret en Conseil d’État, pris après avis l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse et de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, fixe les modalités d’application du présent article, en particulier les règles relatives à l’écoconception et ses critères d’évaluation, qui doivent constituer un référentiel complet, transparent, éprouvé et mis à jour, se fondant sur les référentiels existants basés sur des analyses de cycle de vie et faisant autorité, incluant a minima :
« 1° l’ensemble des règles d’écoconception à mettre en œuvre incluant des indicateurs précis, objectifs et mesurables,
« 2° un système d’évaluation de conformité à ces règles, ainsi que
« 3° des indicateurs de maturité. Les organismes visés au I doivent atteindre un niveau de maturité inclus dans le tiers haut de ce classement. »
Cet amendement intègre une proposition de la convention citoyenne pour le climat, dans une formulation reprenant de l’article 16 de la proposition de loi transpartisane « visant à réduire l’empreinte environnementale de la France » votée au Sénat le 12 janvier 2021, dans sa version initiale.
L’écoconception des services numériques est un levier fort pour alléger les services numériques et, partant, éviter l’obsolescence logicielle des terminaux, éviter la saturation des réseaux et l’hypertrophie des infrastructures.
Il convient d’appliquer, en matière d'obligation d'écoconception des services numériques, un champ d'application miroir à celui sur l'accessibilité (article 106 loi n°2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique) afin de :
• Répondre au risque de fracture numérique ;
• Faciliter la mise en œuvre par les parties prenantes, qui disposent du cadre préexistant et bien connu de l’accessibilité numérique comme base de travail ; et
• Garantir une portée significative de l’article.
Il convient d’appliquer le champ d’application rationae personae tel qu’il était prévu dans la version initiale de la proposition de loi.
S’agissant du référentiel d’écoconception, la loi doit prévoir le cadre de définition de manière précise, notamment afin de :
(i) garantir la cohérence avec des référentiels déjà existants, disposer d'une base réglementaire crédible et faisant autorité et éviter le risque de dispersion des standards, et
(ii) définir un standard minimal de qualité (référence à des règles robustes et éprouvées), afin d'éviter le risque d'écoblanchiment.
Il convient ainsi de disposer d'un référentiel général unique, comme le RGAA pour l'accessibilité, contenant (i) l'atteinte d'objectifs environnementaux, (ii) le niveau de maturité par rapport à ces objectifs et (iii) des indicateurs définis.
Ce référentiel doit se fonder sur les standards généraux existants en matière d’analyse de cycle de vie multicritères : ISO, standard élaboré par l’industrie au niveau mondial, ou PEFCR, standard élaboré sous l’égide de la Commission européenne.
Des bonnes pratiques d'écoconception des services numériques, ainsi que des critères d'évaluation, ont d'ores et déjà été élaborés par des professionnels en la matière et sont utilisés depuis plus de dix ans en France. C’est le cas notamment du référentiel « écoconception web : les 115 bonnes pratiques » et de l’indicateur de performance environnementale Ecoindex. Au fil des années, ces deux outils sont devenus les outils de référence pour la conception et la mesure des performances environnementales des services numériques de grandes entreprises et collectivités, telles que la Ville de Paris, La Poste, l'Agence de l'eau ou encore WWF France.
Cet amendement a été travaillé avec GreenIT.
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