Publié le 7 octobre 2021 par : M. Rebeyrotte.
L’article L. 121‑6 du code forestier est ainsi modifié :
1° Au début, sont ajoutés trois alinéas ainsi rédigés :
« Les aides publiques visent à atteindre les objectifs mentionnés à l’article L. 121‑1 et contribuer significativement à :
« 1° Augmenter le puits de carbone, en particulier dans les sols forestiers ;
« 2° Améliorer l’état de conservation des habitats forestiers ».
2° Au dernier alinéa, le mot : « premier » est remplacé par le mot : « quatrième ».
Les propriétaires forestiers bénéficient de plusieurs aides publiques. Pourtant,
aujourd’hui, en l’absence de conditions suffisantes de ces aides, ils peuvent opter pour
des pratiques sylvicoles qui peuvent être contraires aux objectifs internationaux de la
France en matière de biodiversité et de climat.
Cet amendement assure que les aides contribueront à la conservation de la biodiversité
et au stockage de carbone. Il insiste particulièrement sur le rôle des sols forestiers dont
la préservation est désormais reconnue d’intérêt général (article L.112-1 du code
forestier) suite à l’adoption de la loi Climat et Résilience.
En effet, dans le cadre de la Convention pour la diversité biologique, et des objectifs dits
d’Aichi qui constituent son plan stratégique, la France s’est engagée à « réduire de
moitié au moins, et si possible ramener à près de zéro, le rythme d’appauvrissement de
tous les habitats naturels, y compris les forêts » (objectif A5), à mettre fin aux
subventions néfastes pour la diversité biologique et, au contraire, à créer des «
incitations positives en faveur de la conservation et de l'utilisation durable de la diversité biologique » (objectif A3). Ces objectifs sont repris dans le Plan biodiversité, et dans la Stratégie nationale pour la biodiversité en cours de révision.
Plus particulièrement, concernant les habitats forestiers reconnus d’intérêt
communautaire, conformément à la Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992, la France est
engagée à mettre en place des mesures permettant de maintenir, ou de restaurer, un
état de conservation favorable. Or, selon le dernier bilan, seuls 18% de ces habitats
atteignent cet objectif (Touroult et al 2021 Etat de conservation de la biodiversité
forestière, Revue H&B). Les pratiques sylvicoles sont identifiées comme l’une des
principales menaces (diminution de surface des forêts anciennes, conversion vers des
monocultures et plantations d’essences non indigènes).
Cet amendement vise également à satisfaire les engagements de la France au titre de
l'Accord de Paris, selon lequel l’État français devrait « prendre des mesures pour conserver
et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit
l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts ».
Enfin, cet amendement s’inscrit en cohérence avec la stratégie européenne sur les
forêts, en cours de discussion.
Pour évaluer l’atteinte de ces objectifs, il est possible de s’appuyer sur la méthodologie
bas carbone développée par le ministère de la Transition écologique et une sélection
de critères applicables à l’ensemble des habitats forestiers issus de la méthodologie
d’évaluation des habitats d’intérêt communautaire développée par le Muséum National
d’Histoire naturelle. Ces critères, déjà existants et évaluables de façon objective à un
coût raisonnable, pourront être précisés par décret.
Le renforcement des conditionnalités environnementales proposé n’est pas
incompatible avec la production de bois et vise à mieux équilibrer les différentes
fonctions de la forêt.
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