Projet de loi de finances pour 2022 — Texte n° 4482

Amendement N° 949A (Non soutenu)

Publié le 6 octobre 2021 par : M. Orphelin, Mme Bagarry, Mme Gaillot, M. Villani, M. Taché, Mme Forteza, Mme Batho.

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I. – Après l’article L. 251‑1 du code de l’énergie, il est inséré un article L. 251‑1‑1 ainsi rédigé :

« Art. L. 251‑1‑1. – Les établissements de crédit et les sociétés de financement mentionnés à l’article L. 511‑1 du code monétaire et financier peuvent consentir des prêts ne portant pas intérêt dans les conditions prévues au présent article.

« Ces prêts ne portant pas intérêt, dits « prêts à taux zéro mobilités » , sont octroyés sous condition de ressources aux personnes physiques pour financer l’acquisition :
« 1° D’un véhicule particulier à très faibles émissions ;
« 2° D’un vélo mécanique, à assistance électrique, pliant, ou d’un vélo-cargo.

« Ces primes leur ouvrent droit au bénéfice du crédit d’impôt prévu à l’article 244 quater Z du code général des impôts.

« Aucun frais de dossier, frais d’expertise, intérêt ou intérêt intercalaire ne peut être perçu sur ces prêts. Seuls les ménages répondant au critère des premier au quatrième déciles de la nomenclature de l’Institut national de la statistique et des études économiques peuvent bénéficier du prêt à taux zéro mobilités.
« Il ne peut être accordé qu’un seul prêt ne portant pas intérêt pour une même acquisition.
« Le montant du prêt ne peut être supérieur à 8 000 €.
« Les conditions d’attribution du prêt sont définies par décret. »

II. – La section II du chapitre IV du titre premier de la première partie du livre premier du code général des impôts est complétée par un L ainsi rédigé :

« L - Crédit d’impôt au profit des établissements de crédit et des sociétés de financement qui octroient des prêts à taux zéro mobilités

« Art. 244 quater Z. – I. – Les établissements de crédit et les sociétés de financement mentionnés à l’article L. 511‑1 du code monétaire et financier passibles de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt sur le revenu ou d’un impôt équivalent, ayant leur siège dans un État membre de l’Union européenne ou dans un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ayant conclu avec la France une convention d’assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt au titre des prêts ne portant pas intérêt mentionnés à l’article L. 251‑1‑1 du code de l’énergie.

« II. – Le montant du crédit d’impôt est égal à l’écart entre la somme actualisée des mensualités dues au titre du prêt ne portant pas intérêt et la somme actualisée des montants perçus au titre d’un prêt de mêmes montant et durée de remboursement, consenti à des conditions normales de taux à la date d’émission de l’offre de prêt ne portant pas intérêt.
« Les modalités de calcul du crédit d’impôt et de détermination du taux mentionné au premier alinéa du présent II sont fixées par décret.
« Le crédit d’impôt fait naître au profit de l’établissement de crédit ou la société de financement une créance, inaliénable et incessible, d’égal montant. Cette créance constitue un produit imposable rattaché à hauteur d’un cinquième au titre de l’exercice au cours duquel l’établissement de crédit ou la société de financement a versé des prêts ne portant pas intérêt et par fractions égales sur les exercices suivants.
« En cas de fusion, la créance de la société absorbée est transférée à la société absorbante. En cas de scission ou d’apport partiel d’actif, la créance est transmise à la société bénéficiaire des apports à la condition que l’ensemble des prêts ne portant pas intérêt y afférents et versés à des personnes physiques par la société scindée ou apporteuse soient transférés à la société bénéficiaire des apports. »

III. – Les dispositions du II ne sont applicables qu’aux sommes venant en déduction de l’impôt dû.

IV. – La perte de recettes pour l’État est compensée à due concurrence par la création d’une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

Exposé sommaire :

Cet amendement vise à mettre en place un prêt à taux zéro accompagné d’un crédit d’impôt en faveur des banques pour l’achat de véhicules plus propres par les ménages les plus modestes. Il met en œuvre la proposition SD-C1.6 de la Convention citoyenne pour le climat.

Malgré les aides existantes, les ménages les moins aisés ne peuvent pas se permettre d’acheter un véhicule pour remplacer leur véhicule polluant, le reste à charge étant trop important pour eux. Ce prêt à taux zéro permettra de lever ce blocage : les véhicules non polluants coûtant moins cher à l’usage grâce aux économies de carburant, les économies réalisées chaque année doivent permettre le remboursement du prêt.

Ce besoin n'est pas couvert actuellement pour les raisons suivantes:

- Les crédits automobile à taux zéro que les concessionnaires peuvent proposer aux ménages sont limités à 1 ou 2 ans maximum selon les concessionnaires, avec des mensualités bien trop élevées pour les ménages les plus modestes.

- Le dispositif du microcrédit mobilités s’adresse très majoritairement aux personnes exclues du circuit bancaire traditionnel et ne touche donc pas les 20% des ménages les plus modestes, mais une part bien plus faible de ces ménages.

- Le dispositif mis en place dans la loi climat se limite à une expérimentation d’un prêt à taux zéro pour financer l’acquisition de véhicules peu polluants de moins de 2,6 tonnes à partir de 2023 dans des zones à faible émission.

Le dispositif est ciblé sur les véhicules peu polluants et légers, désormais les seuls véhicules durables face à l’urgence climatique et à la raréfaction des ressources naturelles. Ce prêt à taux zéro peut être l’un des leviers d’un changement profond de la production et de la consommation automobile en France, qu’il est nécessaire d’orienter vers cette typologie de véhicules. Le prêt à taux zéro est également ciblé sur des véhicules relativement peu chers. Le dispositif est ouvert aussi à l’achat d’un vélo, y compris s’il s’agit d’un vélo électrique, d’un vélo cargo ou encore d’un vélo pliant.

L’objectif visé est d’un million de prêts à taux zéro par an.

Les banques bénéficieront d’un crédit d’impôt afin de les encourager à accorder ces prêts y compris aux ménages les plus modestes.

Le dispositif pourra également être complété en deuxième partie de la loi de finances par des moyens humains destinés à l’accompagnement à la mobilité. Cet accompagnement pourra être effectué par les centres communaux d’action sociale, les missions locales ou par Pôle emploi afin d’assister les ménages dans leur achat d’un nouveau véhicule, en leur fournissant des informations et conseils personnalisés.

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