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...sentation nationale pour soumettre à son approbation l'une des décisions les plus graves dont elle ait jamais eu à débattre. Il y a six mois, nous entrions en guerre contre cet ennemi invisible, venu de loin, qui a mis en quelques semaines la planète à genoux. Nous consentions une première fois à nous priver de nos libertés, à fermer nos écoles, à nous séparer de nos proches pour échapper à cette vague qui emportait tout sur son passage. Nous applaudissions nos soignants et nous comptions nos morts. Nous avons résisté, nous avons tenu, et nous avons cultivé l'espoir que le pire soit désormais derrière nous, que nous pourrions faire face en attendant un traitement, ou un vaccin. Mais voici que l'Europe tout entière est en proie à une funeste réplique, avec une nouvelle déferlante aussi violente...
C'est oublier que la deuxième vague est fondamentalement différente de la première, en ce qu'elle touche toute la France en même temps.
Pourtant, trois mois plus tôt, le 12 mai, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, le même Premier ministre, alors « M. Déconfinement », avait déclaré : « Le réalisme et la sagesse imposent de se préparer à des rechutes. » Et il y a eu des signaux d'une possible deuxième vague, notamment une reprise des contaminations à Marseille dès le 14 juillet. Ces contaminations suivent une courbe exponentielle, dont la formule mathématique est connue depuis le XVIIe siècle et dont la chancelière Angela Merkel a expliqué la dynamique lors d'une émission télévisée. Dès lors, l'affirmation par le Président de la République hier soir que « nous avons été surpris par l'accélération s...
...e des solidarités et de la santé avait assuré : « Si la situation le nécessite, 12 000 lits de réanimation pourront être disponibles. » Hier soir, le Président de la République a indiqué que nous disposions aujourd'hui de 6 000 lits de réanimation et promis de porter ces capacités à 10 000 lits, c'est-à-dire de revenir au nombre maximal de lits mobilisés à la mi-avril, au plus fort de la première vague. Que s'est-il donc passé pour que la situation s'aggrave et que les ambitions soient revues à la baisse ?
...it au rang de chambre d'enregistrement. C'est là votre conception de la démocratie. L'état d'urgence sanitaire vous a donné tous les moyens d'agir. Cette verticalité a-t-elle été efficace ? Non, évidemment. Nous vous avions alertés : la clé de la réussite, c'est l'adhésion de tous et non la décision de quelques-uns. On a le sentiment que vous avez toujours un coup de retard. Alors que la deuxième vague frappe, brutale et meurtrière, avons-nous tiré les enseignements de la première, celle qui a fait plus de 35 000 morts directs, et tant de morts indirects, faute de soins à temps, en raison de diagnostics ou d'interventions reportés ? J'insiste sur le cas des personnes âgées, dont nous n'avons pas pu apaiser les souffrances ; je pense également aux familles qui n'ont pas pu faire le deuil de leu...
Ne nous y trompons pas : en présence d'une deuxième vague puissante, nous réclamons des mesures fortes pour freiner l'épidémie. Mais la méthode de prise de décision doit changer. Il n'est plus possible de diriger notre pays, de surcroît en période de crise, comme vous le faites actuellement. Vous réclamez, à juste titre, l'unité nationale, mais vous décidez toujours seuls de tout. Nous sommes au contact de nos concitoyens tous les jours, mais vous nous ...
...re activité car, même si les entreprises privées et publiques restent les principaux foyers de transmission du virus, il importe que l'économie ne s'effondre pas. Certains métiers ne peuvent se faire qu'en présentiel ; pour eux, les protocoles sanitaires doivent être appliqués et renforcés, en lien avec les partenaires sociaux. Mais, pour les autres, pourquoi ne pas avoir profité de l'entre-deux-vagues pour organiser le recours massif au télétravail ? Certains demandent un cadrage beaucoup plus serré et plus de clarté face aux réticences de certaines entreprises, et l'État employeur est loin d'être exemplaire en la matière. Ce défaut d'anticipation nous expose, une fois de plus, à un télétravail subi et désorganisé.
La gestion de la première vague a cruellement manqué d'anticipation, de concertation et de transparence, et force est de constater que vous persistez dans ces méthodes. Au fond, on a l'impression que tout le monde est responsable, sauf vous.
C'est dans ce contexte glaçant que nous sommes conduits à discuter d'un sujet qui nous oppose, à savoir la méthode et les manières de faire face à la situation de détresse sanitaire que nous sommes en train d'affronter. Personne ne vous reprochera la pandémie, monsieur le Premier ministre, ce serait absurde. Mais voici la deuxième vague de l'épidémie – le Président de la République, vous l'aurez peut-être noté, a déjà annoncé la troisième – , et tout le monde peut constater que vous êtes pris de court, « surpris », a dit le Président, qui fanfaronnait pourtant en juillet : « Tout est prêt. » Le plan de déconfinement a été un échec. Personne ne s'en réjouit. Vous n'avez pas préparé ce qui devait l'être. Dès lors, l'épidémie est ...
...paux foyers de contamination restent ouverts. Nous ne vous demanderions pas d'adopter nos onze propositions de loi, nos cinq plans pour faire face à l'urgence sanitaire, ni les conclusions de notre commission d'enquête de suivi du covid-19. Nous ne vous demanderions pas de faire amende honorable, pour nous avoir ri au nez quand nous vous mettions en garde contre l'arrivée possible d'une nouvelle vague, ni pour vos réponses arrogantes tout au long de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ce que nous vous demandons, encore une fois, c'est de faire ce que vous n'avez pas fait la dernière fois, et qui est indispensable. Premièrement, il faut garantir la production des moyens de soins ; remettre en route les chaînes de production de Luxfer, pour disposer des bouteil...
...oix. Nos concitoyens, sidérés, ont alors pris conscience plus fortement que jamais que notre système de santé, classé il y a vingt ans encore comme l'un des meilleurs du monde, se trouverait rapidement incapable d'accueillir tous les malades, ou pire, contraint de les trier, contre toutes valeurs, et en dépit de la mobilisation et des efforts héroïques de la communauté hospitalière. La première vague a été forte, aux plans humain, psychologique et économique. Elle a été éprouvante, éreintante même, pour les soignants, pour les enseignants, comme pour tous les autres. Elle a accentué les inégalités scolaires, sociales et territoriales. Les plus riches ont continué à s'enrichir, au détriment des plus pauvres, toujours plus nombreux.
... système économique libéral à bout de souffle allaient être tirées, du moins certains y croyaient. Marc Bloch, dans L'Étrange Défaite, nous l'assure : « Se tromper au départ, il est peu de grands capitaines qui ne s'y soient laissé quelquefois entraîner ; la tragédie commence quand les chefs ne savent pas réparer. » Nous y sommes aujourd'hui. Vous semblez n'avoir tiré aucune leçon de la première vague. La réalité sanitaire est incontestable, sa gravité est incontestée. Je le dis d'emblée : pour les membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, rien n'est plus important que la vie et la santé. Les mesures de fermeture de bars et de restaurants, les mesures de précaution fortes suivies par les commerçants de proximité, qui ont été responsables, n'ont, selon vous, pas montré d'effic...
Je vous passe la communauté des experts télévisuels dits « rassuristes ». Sans doute tentaient-ils de se rassurer eux-mêmes, mais ils ont fait de sacrés dégâts en expliquant que la deuxième vague n'existait que dans la tête du ministre de la santé.
Mais face à la croissance exponentielle de cette deuxième vague, il faut regarder la réalité en face : aucune de ces mesures ne sera suffisante si nous faisons le choix du statu quo. Prendre des demi-mesures n'est pas un choix.
...se aussi une pensée particulière à notre collègue Éric Ciotti actuellement en route pour Nice avec le ministre de l'intérieur. Il faut pourtant que ce débat ait lieu, malgré ces conditions particulières, qui exigent de nous de la dignité. La vérité, c'est que si nous nous sommes là aujourd'hui, c'est malheureusement que nous ne sommes pas prêts. Nous ne sommes pas prêts à affronter une deuxième vague, et peut-être demain une troisième. Il est vrai que cette pandémie est mondiale, que tous les pays européens sont touchés, avec plus ou moins d'intensité, que rien n'est simple et que tout n'est pas de la faute du Gouvernement, mais il est vrai aussi que nous sommes confrontés à un virus complexe, sournois, qui laisse beaucoup de zones d'ombre, face auquel nous devons tous être humbles et faire ...
… si nous ne voulons pas revivre la même chose que lors de la première vague. Nous ne voulons plus d'une France où, malheureusement, les portes des réanimations se sont trop souvent refermées pour nos aînés de plus de 75 ans, d'une France totalement désarmée, sans masques, sans tests, sans gants et sans curare. Nous ne voulons plus non plus d'une France qui déprogramme massivement des opérations pourtant indispensables…
Tous les Français se demandent pourquoi nous ne sommes pas prêts, pourquoi nous n'avons pas pu anticiper cette deuxième vague, pourquoi nous n'avons pas augmenté nos capacités en matière de lits et de personnel dans les services de réanimation, pourquoi nous avons mis si longtemps à généraliser le port du masque, pourquoi, pendant très longtemps, nous avons refusé de dépister massivement les Français, pourquoi la stratégie « tester, tracer, isoler » a échoué, pourquoi nous n'arrivons toujours pas à déployer massivement ...
Contre le coronavirus, il n'y aura jamais de solution miracle, mais il existe un ensemble de politiques publiques qui, engagées les unes après les autres, peuvent constituer une digue face à ces vagues successives, qu'il s'agisse des hôpitaux éphémères, de la formation accélérée des professionnels de santé ou d'un corps auxiliaire de santé pour décharger les soignants des tâches quotidiennes, du recrutement d'infirmiers et de médecins réanimateurs, de l'autorisation de tests antigéniques, d'un plan de relance faisant de la santé une priorité, de la mise en quarantaine des étrangers qui arriven...
... ceux qui verront leur avenir s'assombrir, leurs libertés se réduire, leurs craintes de perdre leur emploi s'amplifier encore ou la peur du lendemain les envahir. Pensons à notre jeunesse, privée de liberté et inquiète pour ses études ou pour ses débuts dans la vie active. Pensons à nos aînés, inquiets pour leur santé et isolés de leurs proches. Pensons à nos soignants, débordés par cette seconde vague et épuisés par leur travail, et rendons leur encore hommage pour leur dévouement et leur engagement au service des autres. Pensons aussi à nos commerçants, à nos artisans, à nos indépendants, à nos restaurateurs, à nos hôteliers, à nos cafetiers, dépités, voire anéantis par ces nouvelles fermetures et angoissés pour leur avenir – ces commerçants qui subissent une année 2020 apocalyptique et qui v...
...'objectif de 10 000 lits de réanimation ? Pourquoi avoir tant attendu ? De plus, qu'en est-il du recrutement du personnel nécessaire ? Il n'est plus question de faire des économies sur notre système de santé. Les revalorisations salariales sont une bonne chose mais c'est de professionnels supplémentaires que nous avons besoin. Prévoyez-vous enfin de créer des postes pour faire face à la deuxième vague ? Les structures privées seront-elles cette fois-ci suffisamment sollicitées ? L'hôpital public est à bout de souffle et épuisé, vous le savez. Les cliniques privées, elles, sont en attente et prêtes à aider ; elles ont des lits disponibles. Dans ce contexte, la sécurité et la santé des Français ne peuvent souffrir aucune distinction entre public et privé. Comme depuis le début de la pandémie, ...