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Ce matin, le Gouvernement s'est opposé à un amendement visant à souligner que les harkis étaient des ressortissants français – une demande des descendants de harkis, qui manifestent en ce moment même devant le Palais-Bourbon – au motif que les combattants, en Algérie, pouvaient aussi être marocains. Je vous propose à nouveau d'inscrire dans le texte
...int déjà évoqué lors de la discussion générale : le cas des familles qui n'ont pas bénéficié du rapatriement militaire, mais sont arrivées en France en passant sous les radars, en recourant à des moyens divers, notamment l'aide – j'employais l'expression ce matin – de frères d'armes, d'officiers qui les ont fait traverser dans leurs bateaux. Certaines ont été emprisonnées durant plusieurs mois en Algérie avant de rejoindre la France. Or les lieux d'hébergement militaires étant alors saturés, elles ont été accueillies dans d'autres structures : dans le nord ou l'est de la France, elles ont vécu dans des anciens corons et des courées, dans des conditions catastrophiques. Cette situation a duré plusieurs mois, voire plusieurs années. Ces personnes entrent-elles dans le champ d'application du texte ...
Plus que jamais, la bataille des mémoires fait rage, une bataille que, depuis plus de cinquante ans, les Français d'Algérie et les harkis ont toujours perdue. Les harkis ont été les vaincus de l'histoire officielle, celle qu'il est convenu de raconter, celle que l'on se doit d'enseigner : le calvaire – le martyre – de ceux qui ont choisi la France ne figure pas dans les manuels scolaires, n'est jamais commenté sur les plateaux de télévision et ne fait pas non plus l'objet d'une soirée spéciale de solidarité sur les ch...
...tation d'une institutrice qui m'avait demandé d'intervenir sur le rôle des députés. Un élève m'a demandé sur quoi travaillait l'Assemblée nationale en ce moment et j'ai cité le projet de loi dont nous discutons : silence radio. J'ai demandé aux élèves s'ils savaient qui sont les harkis : seule une petite fille – une élève sur trente – avait déjà entendu le mot au sein de son foyer car sa mère est algérienne et son père français – mais elle en ignorait le sens. Cet exemple témoigne de la méconnaissance du sujet chez les enfants, et il n'est sans doute guère davantage connu par les adultes. Soyons sérieuses, madame la rapporteure, nous ne sommes plus au temps de l'ORTF !
En tant que professeur d'histoire, je souhaite bien évidemment que l'histoire soit enseignée aux enfants. Mais si Mme Ménard s'adresse à des élèves de CM2 pour leur demander ce qu'ils pensent de la guerre d'Algérie, elle ne doit pas s'étonner du résultat ! Cette période n'est en effet abordée que devant les classes de troisième et de terminale. L'exemple qu'elle donne n'illustre donc pas un effacement de l'histoire tragique des harkis, mais seulement le fait que pour des raisons pédagogiques compréhensibles, la guerre d'Algérie ne figure pas au programme des classes de CM2. Si vous étiez en responsabilité, ...
...r le souvenir de mes amis harkis, avec lesquels j'ai vécu de très beaux moments, dans des quartiers réputés difficiles. Pourtant, dans la France dans laquelle nous avons grandi, celle des années 1960 et 1970, un grand nombre de harkis vivaient l'horreur en silence. Ces citoyens français, nos compatriotes, anciens combattants de l'armée française, engagés sous nos trois couleurs durant la guerre d'Algérie, ont été internés pendant de longues années parfois, dans des camps dont il ne sortait ni âme, ni espoir. Je pense aujourd'hui à Serge Carel qui nous a raconté, en commission de la défense nationale et des forces armées, les actes de torture qu'il a subis de la part du Front de libération nationale (FLN), son évasion d'Algérie, son errance et l'indifférence, voire l'hostilité, à laquelle il s'es...
C'est d'abord une histoire de soldats, de soldats français dont les aïeuls ont défendu notre pays en 1870, en 1914 et en 1940 : des soldats vaillants et courageux. Les fils de ces glorieux aïeuls ont, eux aussi, porté l'uniforme de l'armée française entre 1954 et 1962, lors de ce qu'on a appelé pudiquement les événements d'Algérie. Ils étaient 200 000 éclaireurs, pisteurs, guetteurs, qui bénéficiaient d'une parfaite connaissance du terrain et qui combattaient sur tous les théâtres d'opérations : dans les Aurès, en Kabylie ou dans l'Atlas ; des soldats dont la France a même réussi à oublier qu'ils ont été des soldats français, puisqu'il fallut attendre 1974 pour que le statut d'ancien combattant leur soit enfin reconnu. C'...
...jà fait beaucoup ; les présidents de la République se sont exprimés et ont agi, mais je voudrais citer une lettre adressée en 2005 au président Jacques Chirac par des personnalités comme Henri Alleg – dont l'engagement contre le colonialisme est connu –, le cinéaste Bertrand Tavernier ou l'historien Jean Lacouture : « Parmi les signataires de cette lettre, certains ont approuvé la lutte du peuple algérien pour son indépendance, d'autres non, mais quelle qu'ait été notre opinion, nous ne pouvons admettre que la République ne reconnaisse pas, au regard des droits de l'homme, ses torts vis-à-vis des harkis et de leurs familles. » Je le dis, pour que les choses soient claires. Après ces propos graves, permettez-moi une pointe d'amusement : l'expression anglo-saxonne « cancel culture » – ou cul...
...ur vie, étaient mis sous tutelle, privés de liberté et soumis à un contrôle permanent de leur quotidien, avant d'être victimes, sur plusieurs générations, de discriminations de toutes sortes. Cela dit, comme l'a souligné la rapporteure, soyons attentifs à ne pas écarter celles et ceux qui n'ont pas transité par ces camps. N'ayant pas bénéficié du rapatriement militaire, ils ont été abandonnés en Algérie – certains ont été emprisonnés pendant de longs mois – et sont ensuite arrivés en France par leurs propres moyens, souvent grâce à l'aide de leurs frères d'armes ; n'ayant pas transité par les camps militaires, ils ont été parqués dans des conditions qui leur donnent droit à un traitement équitable. Les exclure du dispositif serait leur infliger une double peine. Tout cela justifie que leur soit...
...historique. Un tel texte de reconnaissance et de réparation était indispensable pour que nous puissions avancer sur le chemin de la réconciliation des mémoires. Vous savez qu'il me tient particulièrement à cœur ; en effet, en tant que député de la troisième circonscription de Lot-et-Garonne, où se trouve la ville de Bias, qui comptait l'une des six structures d'accueil provisoires des rapatriés d'Algérie – les fameux camps, les camps du déshonneur –, je travaille depuis de nombreuses années sur le sujet. Le projet de loi fait suite aux déclarations du Président de République du 20 septembre 2021, par lesquelles il s'est engagé à voir aboutir un texte portant reconnaissance de la nation et réparation des préjudices subis par les harkis, par les autres personnes rapatriées d'Algérie anciennement d...
...tenant traiter consciencieusement et sérieusement le sujet, pour le clore définitivement. Il y va aussi du signal politique que nous voulons envoyer, alors que votre politique mémorielle a été vivement décriée. Elle a débuté avec des propos injurieux du Président de la République sur la colonisation et s'est poursuivie avec le rapport de Benjamin Stora, ouvertement biaisé en faveur de la version algérienne du conflit. Or ces hommes qui ne portaient pas de prénom français et qui étaient de religion musulmane ont mieux défendu la France que certains traîtres à la nation. Comme l'a écrit le Comité national d'entente (CNE) des associations patriotiques, fallait-il laisser entendre, par la démarche de reconnaissance initiée par le Président Macron, que Maurice Audin, parce qu'il avait été une victime...
Au nom d'une relation pacifiée avec l'Algérie, on ne peut pas mettre sur le même plan bourreaux et victimes, ceux qui croyaient en la France et ceux qui n'y croyaient pas. Ce serait aussi stupide que de mettre sur le même plan Londres et Montoire au nom de l'amitié franco-allemande. Aucune arrière-pensée comptable ou politique ne doit présider à notre action. Nous le devons à tous ceux qui ont vu leurs parents, amis ou cousins égorgés par le...
...t de la République vous a chargée, madame Darrieussecq, vous qui êtes ministre déléguée auprès de Mme la ministre des armées, Florence Parly, chargée de la mémoire et des anciens combattants, de présenter un projet de loi reconnaissant que la France a délaissé les anciens membres de ses formations supplétives, en dépit de leur engagement aux côtés des forces armées françaises, lors de la guerre d'Algérie. Ce texte affirme, pour la première fois, la volonté de réparer les préjudices causés par les conditions particulièrement précaires et dégradantes de leur accueil en France. En inscrivant la reconnaissance de cet abandon et la réparation nécessaire des préjudices subis par les harkis dans un projet de loi fait du marbre dans lequel sont gravés les plus beaux textes de la République, le Président...
La présence dans les tribunes de représentants de nos concitoyens harkis témoigne de l'attention portée par cette communauté aux décisions qui seront prises aujourd'hui par l'Assemblée nationale. Ma collègue Christine Pires Beaune m'a rappelé tout à l'heure le parcours exemplaire de Mohand Hamoumou, qui réside comme elle dans le Puy-de-Dôme. Cet homme, qui s'est toujours senti français, en Algérie comme en France, a démontré, par les mandats qu'il a exercés dans son département, combien sa génération avait apporté à notre pays. Je veux saluer aussi la présence du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure : notre groupe a fait le choix d'être représenté au plus haut niveau de notre parti pour l'examen de ce projet de loi. Ce n'est certes pas à l'Assemblée nationale d'écrire l'h...
Merci, madame la ministre déléguée. Madame la rapporteure, je comprends l'émotion que vous exprimez ; je suis ému moi-même – ce n'est pas feint de ma part. Près de 7 millions de nos concitoyens ont un rapport assez direct avec cette mémoire algérienne ; ce n'est pas rien. D'autres ont été des appelés du contingent. En définitive, toutes les familles françaises, d'une manière ou d'une autre, ont vécu cette affaire. C'est pourquoi nous mettons de la passion dans ces débats. Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'en ai assez de cet éternel retour des mêmes choses. Toutefois, en toute sincérité, ma position a changé par rapport à la manière dont ...
...ays de la liberté, la nation généreuse dont le monde entier parlait avec respect. Hiver 1962 : il faisait froid, très froid. Les survivants harkis avaient été parqués dans des baraquements en préfabriqué, dans des camps de douleur et de honte. On sait le destin innommable, inacceptable, immoral des harkis. On sait qu'à Paris, la décision avait été prise depuis longtemps d'abandonner à son sort l'Algérie, ce « boulet » comme l'appelait le chef de l'État de l'époque. Les harkis payèrent le prix fort de cette trahison. Quelques dizaines de milliers d'entre eux purent quitter le navire Algérie française avant que des flots de sang ne l'emportent dans les profondeurs de l'histoire. Pour les autres, l'atroce, l'horreur, l'enfer commençaient. Torturés, suppliciés, martyrisés, certains égorgés, empalés...
... trois ans qui témoigne ainsi. « La France s'est moquée de nous, elle nous a laissé dix mètres carrés pour deux familles. Ils nous ont séparés avec un drap au milieu, c'était pire qu'une étable. Et l'hiver nous n'avions pas de chauffage, l'hiver c'était terrible, on gelait, mon épouse était enceinte, nos bébés étaient dans les langes. » L'État français a abandonné les harkis une première fois en Algérie, puis les survivants ont été abandonnés une seconde fois dans des camps en forêt, dans des sites éloignés des villes comme chez moi, à la Briqueterie. Évidemment, nous sommes favorables à ce que la nation reconnaisse ses torts et les préjudices subis par les harkis. Nous voterons pour le texte. Reste un souci : cette reconnaissance, comme toujours depuis quarante ans, se fait par bricolage et av...
... partage ont perduré en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ongles fut le premier village d'accueil de groupements harakat, dont les membres sont désignés comme harkis. Il abrite désormais une maison de mémoire et d'histoire. L'aide de militaires français, notamment celle du lieutenant Durand, fut décisive dans le parcours d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont traversé les remous de la guerre d'Algérie, comme le mentionnent les documents que m'ont remis des représentants des harkis le week-end dernier. La reconnaissance de la nation aux anciens membres des forces supplétives et de la responsabilité de la France du fait des conditions indignes de l'accueil sur son territoire des harkis et de leurs familles est inscrite à l'article 1er du projet de loi. C'est la traduction de l'abandon ressenti ...
Il est défavorable à l'amendement, non pas en raison de la mention de la guerre d'Algérie – qui, à dire vrai, me paraît plutôt opportune – mais parce que son adoption conduirait à supprimer la mention de l'abandon dont ont été victimes les harkis, que nous avons introduite en commission.