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... à nos promesses, à nos alliés : cette fidélité qui nous a fait répondre présents lorsque les autorités maliennes et les pays de la région ont demandé notre assistance pour repousser la menace qui risquait de les asservir. Cette même fidélité qui nous a fait demeurer là-bas depuis tant d'années et qui, nous en sommes conscients, nous a coûté : nous ne pouvons que rendre hommage aux cinquante-neuf militaires tombés pour la France au Sahel, ainsi qu'aux nombreux blessés et à leurs familles qui ont tous eu à payer le prix du sang et des larmes dans ce combat contre l'islamisme radical.
Je tiens à dire à leurs familles, à leurs frères d'armes, aux blessés meurtris dans leur chair et dans leur âme que la représentation nationale tout entière est fière d'eux. Leur sacrifice n'a pas été vain. Ils ont multiplié les succès militaires et les faits d'armes – j'en veux pour preuve l'héroïque sauvetage réalisé par Maxime Blasco. Non, Gao n'est pas Saïgon, Bamako n'est pas Kaboul.
... de la désinformation et de la propagande antifrançaise, c'est refuser de s'incliner devant la pression médiatique qui parle sans cesse d'enlisement, alors que nous savons, hélas, que nous sommes là-bas pour une nouvelle guerre de trente ans. Quelle que puisse être notre colère à l'égard des autorités de fait du Mali, c'est avec responsabilité que nous devons tirer les conséquences de ces succès militaires,…
...ue inouï. Si la France tire les conséquences de la posture de la junte malienne, nous ne saurions trop insister sur la responsabilité de ces autorités de fait si des actes hostiles causaient des pertes dans nos rangs. Dans ce cas, la riposte française devra être à la hauteur de l'indignité. Mais responsabilité n'exclut pas lucidité. Il appartiendra aux historiens de comprendre comment des succès militaires se sont transformés en ce qui apparaît comme une forme d'échec politico-diplomatique. Sur nos bancs, ceux d'un parti de gouvernement, nous abhorrons la géopolitique en chambre et le « y a qu'à, faut qu'on » des stratèges de buvette. Faute de disposer, notamment, des informations classifiées qui, seules, permettraient d'avoir une vision plus juste de la situation, c'est sous la forme interrogati...
J'en viens à des questions plus profondes : avons-nous eu raison de faire succéder Barkhane à Serval ? L'opération Serval fut un succès militaire et politique, car elle visait un objectif clair : empêcher des colonnes djihadistes de conquérir la capitale malienne. Mission accomplie.
N'avons-nous pas tenté de faire, à la place des Africains, ce qui relève de leur responsabilité ? Il est sans doute l'heure de revenir aux bons vieux principes d'une diplomatie réaliste, celle d'Hans Morgenthau, d'Henry Kissinger ou de Raymond Aron, celle qui croit que la première mission de l'action diplomatico-militaire est de maintenir ou de rétablir l'équilibre des puissances, pour neutraliser les perturbateurs du système international. Ne devons-nous pas assigner à notre outil militaire en Afrique une mission aux objectifs plus limités : être, avec nos partenaires africains, une force de réaction rapide, capable, par sa fulgurance, de rétablir des équilibres qu'il appartiendra aux forces locales de maintenir...
... voisins immédiats, qui sont pourtant ceux qui l'ont le plus soutenu. La situation au Mali est donc bien différente de celle qui avait cours en 2013, quand la décision d'une intervention française fut prise. Dans ce contexte, nous ne pouvons maintenir notre présence et risquer la vie de nos soldats à n'importe quel prix. Le temps est venu de faire évoluer notre engagement au Sahel. Notre retrait militaire du Mali sera compensé par un renforcement de nos positions dans les pays voisins plus stables. Nous investirons de nouveaux champs, en commençant par développer des rapports avec les pays du golfe de Guinée, qui font face à une résurgence de la menace terroriste. Pour y parvenir, nous devons donner sa pleine dimension à l'initiative d'Accra, qui présente de nombreux avantages et s'annonce promett...
Alors que la Russie est aux portes de l'Ukraine, nous débattons du retrait militaire de la France au Mali. Cela peut sembler quelque peu décalé au premier abord, mais à bien y réfléchir, les mécanismes à l'œuvre sont d'une similitude glaçante : l'après-guerre froide a rebattu les cartes ; de nouvelles puissances cherchent à s'imposer et déploient des stratégies de plus en plus offensives. C'est le cas de la Russie de Poutine, qui se déploie à la fois en Afrique et aux portes de l...
Avant d'entamer mon propos, je souhaite, au nom du groupe Agir ensemble, rendre un hommage appuyé à nos militaires engagés au Sahel depuis neuf ans, dont cinquante-neuf ont perdu la vie. Je pense à leurs familles, à leurs frères d'armes qui souvent ont aussi été blessés dans les combats. Leur détermination, leur savoir-faire, leur volonté ont permis de sauver le Sahel à deux reprises, en 2013 puis à nouveau en 2020 lorsque la pression se faisait intenable sur les États locaux. Ces soldats sont l'honneur de l...
... lors des questions d'actualité. Il est, en effet, fondamental que la représentation nationale puisse s'exprimer et débattre sur des sujets aussi importants que la situation au Mali, à l'heure où le Président de la République et nos principaux partenaires au Sahel ont pris la décision de mettre officiellement un terme aux opérations Barkhane et Takuba au Mali, pays dans lequel nous étions engagés militairement depuis 2013. En réalité, une telle décision était devenue inévitable tant les relations que le Mali et ses dirigeants actuels entretiennent avec la France et nos partenaires se sont détériorées et tant la présence de nos armées, accueillies en libératrices en 2013, n'est plus acceptée parmi les populations du fait d'une propagande honteuse des militaires putschistes, ces mêmes militaires qui...
... avoir affirmé que les résultats de neuf années d'engagement français au Mali n'étaient pas satisfaisants, ces putschistes trouvent encore l'indécence d'ordonner le retrait sans délai de nos soldats du Mali. Lorsqu'on sait la complexité et les dangers des manœuvres de désengagement des bases de Gao, Ménaka et Gossi, surtout avec l'arrivée de la saison des pluies, et du redéploiement de nos 2 400 militaires, on comprend qu'il s'agit là d'une véritable insulte faite au travail remarquable accompli par l'armée française durant toutes ces années et à nos soldats tombés au Sahel. Nous avons bien entendu, monsieur le Premier ministre, votre engagement de veiller à la sécurité de nos soldats pendant ces manœuvres. Nous espérons qu'ils auront toutes les instructions pour pouvoir se défendre sans hésiter s...
Le Président de la République a annoncé que la France allait quitter le Mali, juste avant qu'elle n'en soit chassée. Les militaires ont-ils fait leur devoir ? Oui, et certains l'ont payé de leur vie. Depuis 2014, lorsque Serval s'est transformée en Barkhane, les dirigeants politiques ont-ils fait leur devoir ? Non. Au Mali, nous avons fait tout d'abord des alliances avec des éléments armés du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), indépendantiste, puis avec deux milices, le GATIA – Groupe autodéfense touareg Im...
…et on nous sert à nouveau un récit vide de toute substance. La semaine dernière, l'Élysée a affirmé devant les journalistes que le quinquennat d'Emmanuel Macron aurait « revisité les fondamentaux de la relation entre la France et le continent africain », « refondé le logiciel » et permis un « aggiornamento », y compris concernant les opérations militaires – rien de moins ! On voit le résultat… Alors, quelques questions : où en est le passage de relais, dont on nous annonçait dès l'été 2021 qu'il était prétendument acté depuis de longs mois entre la France et l'Algérie ?
...ous allons discuter de la situation dans le Sahel alors que tout est déjà décidé sans que nous ayons eu l'échange qu'il était normal que, dans une démocratie, un Parlement puisse attendre du Premier ministre. Celui-ci aurait pu nous dire si, dans la phase qui a précédé l'événement inacceptable et insupportable qu'a été la reconnaissance des deux républiques du Donbass par la Russie, puis l'entrée militaire de cette dernière sur le terrain, le chef de l'État russe a manipulé notre président de la République en lui faisant croire des choses qui n'étaient pas, mais qu'il se faisait un devoir de nous dire, ou bien si nous n'avons été coupables que de naïveté. Mais puisque nous n'aurons pas ce débat, comme cela nous a été confirmé ce matin en conférence des présidents, voyons où nous en sommes. J'ai di...
Enfin, la France n'est complice en aucune manière des deux coups d'État – qui, disons-le, ont constitué dans les deux cas une surprise pour elle, même si l'on peut se demander comment cela se peut dans un pays où l'on a 5 000 militaires – et n'a donc joué aucun rôle dans le report des élections dans cinq ans décidé par le pouvoir actuel, exercé par M. Goïta. La preuve, c'est que nous partons ! C'est pourquoi je veux vous dire, si vous m'écoutez, que nous méritons d'être respectés. Le choix de nos armes, c'est vous qui l'avez fait ! Cinquante-neuf des nôtres sont morts sur place et de nombreux autres sont revenus blessés, certa...
...rand à La Baule en 1990 ! Quelques mois plus tard, on avait vu le général Amadou Toumani Touré mettre un terme à la dictature du parti unique, avant qu'une élection libre ne porte au pouvoir M. Alpha Oumar Konaré, que nous estimions au plus haut point et qui fut élu, puis réélu cinq ans plus tard, dans des conditions démocratiques. Quelle douleur de voir qu'après 1991-1992, nous voilà revenus aux militaires putschistes, aux bandits, aux voyous, à ceux qui, non contents de mépriser le peuple, nous insultent en insinuant que nous devrions nous sentir coupables. Non, nous ne le sommes pas et il n'y aura personne sur ces bancs pour donner raison aux insultes faites à notre patrie !
...nt en priorité de dresser un bilan lucide de l'action de la France en Afrique, afin de ne pas reproduire les erreurs commises : si nous l'avions fait après la monstrueuse guerre contre la Libye en 2011, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Vous avez, monsieur le Premier ministre, largement insisté sur la manière dont les troupes allaient se redéployer et sur l'avenir opérationnel des opérations militaires en cours au Sahel. Pourtant, nos interventions militaires sont sur la sellette partout au Sahel. À la fin de l'année dernière, le blocage du convoi militaire français au Burkina Faso et au Niger l'a prouvé. En tant que promoteurs infatigables de la paix, les députés communistes proposent, dans un deuxième temps, d'organiser un plan de retrait concerté avec tous les États du Sahel et de la régio...
...faut reconnaître qu'au Sahel, dans une zone où les entreprises françaises sont très influentes, où l'on paie en francs CFA et où les autocrates sont validés par Paris, la notion d'indépendance et de souveraineté prend souvent la forme d'une défiance envers notre pays. Et cette défiance est renforcée par l'insécurité, qui ne recule pas. La preuve en est qu'il y a neuf ans, au début de l'opération militaire française, les djihadistes et autres entrepreneurs de violence étaient présents sur 10 % du territoire malien alors qu'aujourd'hui, près de 90 % est classé en zone dangereuse. Outre les cinquante-neuf militaires français tués auxquels nous devons rendre hommage pour leur engagement, il faut rappeler que pour la seule année 2021, il y a eu 4 838 victimes africaines, sans compter les 2,2 millions ...
...rler de ce que je connais et notamment de ce lien concret et solide que nous entretenons avec le peuple malien. Depuis le putsch de l'été 2020, il n'y a plus d'Assemblée nationale au Mali, plus d'ambassadeurs à Paris ou à Bamako. Comme la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, l'Union africaine et l'ensemble de l'Union européenne, nous sommes clairement en rupture avec la junte militaire au pouvoir, parce qu'elle ne respecte pas ses engagements de transition, parce qu'elle ne donne pas de garanties démocratiques suffisantes et parce qu'elle a fait appel au groupe Wagner, ce qui n'augure rien de bon. Elle incite aussi par opportunisme au rejet de la France et au repli nationaliste. Ici en France, par méconnaissance ou manœuvre politicienne, certains font enfler un sentiment anti-...
... sapé notre crédibilité. Un départ pris à notre initiative n'était-il pas plus acceptable que celui qui se dessine aujourd'hui sous pression de la junte malienne ? Le Gouvernement ne nous a jamais expliqué son étrange comportement qui relève, je le crains, de la politique de l'autruche. Or cette absence de réactivité nous place dans une situation extrêmement critique tant pour la sécurité de nos militaires que pour la poursuite des opérations. C'est le sens de mes deux autres questionnements. À court terme, il est avéré que de multiples acteurs vont tout faire pour compliquer notre retrait car tel est leur intérêt. Dans ces conditions, est-il prudent de se donner quatre à six mois ? N'est-ce pas, au contraire, accroître les risques ? Le défi logistique est déjà redoutable. Désormais, il se double...