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...xte entend apporter une réponse ne sont pas du tout de même nature que ceux que la loi dite « Claeys-Leonetti » et la politique de développement des soins palliatifs visent à satisfaire. Je suis en effet de ceux qui refusent d'inscrire dans des logiques contradictoires les soins palliatifs, la sédation profonde et continue, l'euthanasie et l'assistance au suicide. Ces divers moyens d'apaiser les souffrances physiques ou psychiques des personnes en fin de vie sont complémentaires. Je suis la première à appeler au déploiement et au renforcement massif des moyens des soins palliatifs dans notre pays, à l'heure où le risque d'une absence ou d'une insuffisance de soins palliatifs existe pour plus de 75 % des personnes qui en ont besoin, selon un rapport de l'IGAS – l'inspection générale des affaires soc...
...ce que l'on veut pour soi-même, si l'on tombe gravement malade et que l'on souffre sans espoir de guérison, grandit l'homme. Elle n'est d'ailleurs en rien une obligation. Moi-même, qui défends cette proposition de loi, j'ignore ce que je ferais si j'étais confronté à ce choix. Peut-être, voulant profiter de mes proches durant les derniers souffles de ma vie, irais-je jusqu'au bout, en dépit de la souffrance.
Le choix de mourir, l'homme doit pouvoir l'obtenir dans certains cas. En effet, lorsqu'on est atteint de certaines afflictions, lorsqu'aucun espoir de rémission ou de guérison n'est possible et que le seul horizon de vie pour le patient est la mort dans la souffrance, on peut dire, d'une certaine manière, que la vie s'est arrêtée, bien que le coeur n'ait pas cessé de battre. Cette perception d'une vie à l'arrêt, seul le patient peut la ressentir, à l'intérieur de son corps et dans son esprit. C'est pourquoi le choix de mourir est entièrement subjectif et personnel. Le médecin n'est pas apte à en juger ; il peut seulement s'assurer que le patient est capable ...
...ntimes, à la part dramatique de l'existence humaine. Il revêt toutefois aussi un enjeu politique qui renvoie à cette interrogation : quelle humanité voulons-nous former ? Ni nos débats ni notre décision de ce jour n'épuiseront le sujet. C'est donc avec le parti pris délibéré de la dignité humaine que je l'aborderai, à l'instar de tous les autres. Comment, tout d'abord, ne pas être révolté par la souffrance lorsqu'elle vient tenailler un de nos semblables en menaçant de ne plus le lâcher ? Il faut le dire, quoique avec précaution : la prise en compte de la douleur et, plus largement, des souffrances a progressé sur le plan des possibilités techniques comme sur celui des exigences en matière de pratiques de soins. On en a désormais fini avec l'acharnement thérapeutique et l'obstination déraisonnable ...
...mme est par nature digne, de sa naissance à sa mort, que notre devoir est de lui porter assistance et de tout faire pour que les solutions existantes lui soient enfin proposées. En effet, les experts s'accordent aujourd'hui pour dire que toute douleur peut être soulagée par une gamme de solutions pouvant aller jusqu'à l'utilisation de techniques anesthésiques ou à une chirurgie de la douleur. Les souffrances dont l'origine est une dépression trouvent, elles aussi, très majoritairement, des réponses médicales. Nos concitoyens ont tout simplement besoin de le savoir, ont un fort besoin de réassurance. Or, loin de les rassurer, ce texte, en proposant de légaliser l'euthanasie, prend acte de leur peur, comme si elle était sans issue. Ainsi s'appuie-t-il sur un sondage commandé à l'IFOP par l'ADMD, dont...
..., avec cette proposition de loi, entend légaliser l'euthanasie et le suicide assisté. Si la question était de savoir si, à titre personnel, je suis favorable à l'euthanasie ou au suicide assisté, je répondrais probablement oui, comme un grand nombre de Français lorsqu'on leur pose cette question, parce que, comme la plupart d'entre nous, je ne veux pas imaginer une mort ou une existence avec des souffrances physiques ou psychologiques insupportables. Mais la question n'est pas celle-là. Il s'agit ici de savoir s'il convient de légiférer pour permettre à des personnes souffrant d'une maladie grave ou incurable de recourir légalement à des dispositifs médicaux visant à mettre fin à leur vie. La façon dont notre société aborde la souffrance et la mort nous préoccupe tous car elle interroge notre hum...
...yens ? Faut-il au contraire se ranger à la conviction d'un Robert Badinter, qui voyait dans le droit à la vie « le premier des droits de l'homme » et considérait en conséquence que personne ne pouvait disposer de la vie d'autrui ? Par ailleurs, comment s'accorder sur une définition commune de la dignité ? Comment également concilier, s'agissant des professionnels de santé, le devoir d'éviter des souffrances inutiles et l'interdiction de provoquer la mort délibérément, inscrits dans le serment d'Hippocrate ? Face à ces questions cruciales, le Parlement a cherché à améliorer le cadre législatif de la fin de vie en adoptant en 1999 la loi visant à garantir le droit à l'accès aux soins palliatifs, qui a posé comme principes le droit pour tout malade de refuser un traitement et le droit aux soins palli...
...rse alors que le patient demande avec insistance un geste libérateur. Ces difficiles et douloureux débats ne se résument pas à dire le bien et le mal, le juste et l'injuste. Rien n'y est d'une rationalité évidente – ni d'ailleurs radicalement neuf : Francis Bacon déjà, en 1605, suggérait que l'office du médecin n'était « pas seulement de rétablir la santé mais aussi d'adoucir les douleurs et les souffrances attachées aux maladies ; et cela non seulement en tant que cet adoucissement de la douleur, considérée comme un symptôme périlleux, contribue et conduit à la convalescence, mais encore afin de procurer au malade, lorsqu'il n'y a plus d'espérance, une mort douce et paisible ». Cette définition de ce que l'on appelait alors la « bonne mort » précède le terme d'euthanasie et désigne à l'époque, au...
...lige, en tant que législateurs, à nous interroger sur la nécessité de légiférer et sur les contours et les conséquences d'un tel texte. L'offre proposée par notre système de santé en matière de soins palliatifs a considérablement évolué au cours des dernières années. L'objectif des soins palliatifs est de soulager les douleurs physiques et les autres symptômes, mais aussi de prendre en compte la souffrance psychique, sociale et spirituelle. Une maison de santé canadienne, nommée Victor-Gadbois et située à Montréal, affiche que : « Soigner les gens, ce n'est pas seulement rechercher les causes de leur souffrance, c'est leur donner l'espoir que demain sera mieux qu'hier ». Je rejoins ces principes. Notre société et notre République doivent permettre à tout un chacun d'être soigné dans la dignité. Ce...
...teure, chers collègues, la prise en charge de la fin de vie a beaucoup évolué ces dernières années dans notre pays, et c'est heureux. C'est un sujet qui concerne notre société tout entière, qui est lié à notre histoire, à notre culture philosophique commune de la mort et à la représentation que l'on en a. En même temps, c'est un sujet très intime, car il touche au plus profond de notre être, à la souffrance tant physique que psychologique et à l'essence même de notre existence. Sur le plan technique, il convient de rappeler le développement des structures d'hospitalisation à domicile, des équipes mobiles de soins palliatifs, de la banalisation de l'usage des morphiniques à l'hôpital comme à domicile ou dans les EHPAD, grâce à plusieurs plans de lutte contre la douleur, sans nier pour autant les dif...
...ous réunit ce soir est grave. Vous nous proposez, chers collègues du groupe de La France insoumise, de légiférer sur la vie et la mort. Légaliser l'euthanasie et le suicide assisté soulève une question de société essentielle, qui a concerné, concerne ou concernera chacun d'entre nous et ressortit à notre conception même de la liberté – en l'espèce, celle de mourir dans la dignité et d'abréger nos souffrances physiques et psychiques ou celles d'un membre de notre entourage. Le sujet mérite d'être examiné, car la législation actuelle ne permet pas de traiter de nombreux cas. Au demeurant, l'exposé des motifs de la proposition de loi rappelle juste titre que le silence et l'hypocrisie entourent de nombreux suicides assistés accomplis dans la clandestinité. La présente proposition de loi soulève des q...
...veur des personnes malades et des personnes en fin de vie est encore récente. Sans doute faut-il encore un peu de temps pour que les professionnels de santé l'intègrent dans leurs pratiques et que nos concitoyens connaissent tous leurs nouveaux droits. En outre, il ne faut pas éluder la notion d'accompagnement dans les derniers moments de la vie, afin que tout soit fait pour soulager au mieux la souffrance physique et psychologique des patients. Quant aux soins palliatifs, indissociables de la fin de vie, ils doivent nous mobiliser. Là réside tout l'enjeu du plan gouvernemental. Les moyens qui leur sont alloués doivent être à la hauteur des souffrances qu'il faut soulager et de la dignité qu'il faut préserver. Comme vous, chers collègues du groupe La France insoumise, nous sommes mobilisés sur ces...
...sme politique que vous feignez pourtant de combattre, selon laquelle tout est matériel et marchand. Dites-moi, dans votre futur idéal, quelle place réservez-vous à l'homme ? Car il faut être bien naïf pour croire que c'est la liberté qui sous-tend ce texte. Votre proposition de loi sur le suicide assisté participe d'un profond matérialisme. Dans la vision qui guide votre projet, les personnes en souffrance dans notre société, notamment les personnes les plus âgées, ne trouvant plus d'utilité sociale, ne pouvant plus produire, devraient pouvoir être écartées de la société par la mort. Cela est encore plus grave lorsque ce sentiment est imposé par la société elle-même. « Je ne connaissais que des pauvres, c'est-à-dire des gens dont la mort n'intéresse personne », écrivait Céline. Nous y sommes.
...certes bon, voire excellent économiquement, mais il est éthiquement et sociétalement catastrophique. À titre d'exemple, j'aimerais vous faire part de l'histoire de Laura, une jeune femme belge dont la vie a été racontée par Le Figaro. Laura est née dans une famille compliquée : alcool, violences, maltraitance… Elle est recueillie par sa grand-mère alors qu'elle est encore enfant. Dès cet âge, sa souffrance psychique est immense, et les médecins peinent à la soulager. Elle découvre la pratique du théâtre, qui l'apaise et lui permet d'envisager la vie d'une nouvelle manière ; malheureusement, à la suite à une rupture amoureuse, elle tombe plusieurs années plus tard en dépression. Internée dans un hôpital psychiatrique belge, sur proposition d'un médecin, elle y découvre une jeune femme elle-même dépr...
Votre proposition de loi ouvre une brèche profonde dans notre conception de l'homme, dans ce que peut être notre société. Vous risquez que d'autres Laura, dévastées par des vies compliquées, puissent en finir, puissent éteindre la lumière, parce qu'elles considèrent elles-mêmes que leur dépression constitue une souffrance psychique insupportable. Je reconnais qu'il est plus facile de tuer quelqu'un que de le soigner, mais permettez-moi de ne pas choisir cette philosophie de vie.
...tres. La vie humaine a une fin ; celle-ci doit être digne. Mais comment rester humain si nous ne pouvons exercer notre humanité ? Oui, la personne âgée en fin de vie, le malade en phase terminale ou le jeune dépressif mal dans sa peau ont bien une place dans notre société – place ô combien importante, car tous ils permettent aux autres membres de la société d'exercer pleinement leur humanité. La souffrance doit être prise en considération, et tous les moyens mis en oeuvre pour la soulager. Non, je ne considère pas qu'être une charge pour ses enfants ou la société soit indigne.
...nte une partie des Français. Nous devons chercher des alternatives, sans doute plus compliquées à mettre en oeuvre, sans doute plus coûteuses aussi, mais surtout plus humaines. En tant que parlementaires, nous nous devons d'être ambitieux. Il aurait fallu proposer une augmentation des crédits alloués aux soins palliatifs, c'est-à-dire à ces soins qui ont pour objet de soulager la douleur et les souffrances des personnes malades ou en fin de vie. Les médecins sont insuffisamment formés à ces soins ; les moyens sont réduits et l'accès aux unités de soins palliatifs, les USP, est très difficile. Selon un rapport publié par le Comité consultatif national d'éthique en 2014, il existe même en France un « non-respect du droit d'accéder à des soins palliatifs pour l'immense majorité des personnes en fin ...