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Nous partageons le diagnostic formulé par le Président de la République lors de ses voeux à la presse et avons tous une conscience aiguë du danger que représentent, pour nos vieilles démocraties, les campagnes de manipulation de l'information à l'ère du numérique. Mais nous sommes très réservés sur la nouvelle procédure de référé prévue à l'article 1er. C'est la raison pour laquelle, alors députée du groupe LaREM, je m'étais abstenue sur ce texte, à titre personnel, en première lecture. La définition de la fausse information, on le sait, n'est pas aboutie. Nous le savons aussi, le caractère malveillant d'une information ne peut être établi par les seules modalités de diffusion, qu'elle soit artificielle, automatisée ou m...
Ces amendements visant à supprimer l'intervention du juge des référés ont été rejetés l'été dernier, puis la semaine dernière, en commission. Je vous propose, par cohérence, de les rejeter aujourd'hui. Ma réponse sera peut-être un peu longue, je vous prie de m'en excuser, car elle concerne globalement tous les amendements relatifs à la suppression de l'intervention du juge des référés. Je note d'abord avec satisfaction que, depuis la première lecture, les critiqu...
... dis pas que c'est aisé. J'affirme au contraire que si cela est nécessaire, ce n'est pas sans risque, au départ. Sauf que nous avons dosé ce que nous avons fait : nous avons pris toutes les précautions en matière de respect des libertés publiques. Par exemple lorsque l'on me demande comment faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui est faux, je réponds que nous avons choisi le juge des référés, celui de l'évidence, de ce qui est manifestement faux ou pas. Cela fait une différence ! Lorsque l'on me demande comment faire la différence entre ce qui est manipulé et ce qui est authentique, je réponds que le caractère mécanique et massif de la diffusion permettra de faire la distinction. Quand on me dit qu'il s'agit de censure au détriment des journalistes, et qu'il s'agit de propositions...
Je réponds sur l'ensemble des amendements, madame la présidente. Je ne m'exprimerai pas ensuite. C'est l'office du juge des référés, c'est son quotidien. Il statue même parfois en quelques heures seulement.
Lorsque l'on me dit que la loi comporte déjà toutes les dispositions nécessaires, je réponds que c'est faux. Vous avez cité une série de cas qui sont des contre-exemples. Je ne dis pas que le juge des référés répondra à toutes les situations – monsieur Corbière, vous avez cité un cas précis – , mais il y a des situations dans lesquelles il sera parfaitement utile : il jouera tout son rôle. Je prends un exemple un peu caricatural pour que tout le monde se sente concerné : imaginons une fausse information diffusée pendant une campagne électorale consistant à expliquer qu'un candidat veut régulariser 1...
Vous dites que rien n'a changé depuis, mais ce n'est pas le cas. L'action vigoureuse du Sénat à apporter un éclairage sur la réalité de ce texte, et vous-mêmes êtes revenus sur la définition de la fausse nouvelle. Si elle est impropre à s'appliquer généralement, elle l'est aussi en matière de référé. Ensuite, vous nous dites que plus personne, aujourd'hui, ne conteste l'existence des fausses nouvelles. Mais personne n'a jamais contesté leur existence…
Il s'agit de supprimer les alinéas concernant la procédure en référé. Nous en avons déjà beaucoup parlé. Mme la rapporteure a souvent répété : « Non, non, non ! » ou « C'est faux ! » sans jamais me convaincre…
… mais je peux vous dire que lorsque nous assisterons à des campagnes difficiles qui entraîneront une judiciarisation outrancière, nous verrons beaucoup moins de juges des référés susceptibles de trancher une situation en quarante-huit heures ou dans de bonnes conditions afin de prendre une juste décision. Le danger démocratique, lui, est bien réel.
… ce qui l'empêcherait de comprendre ce qui est en train de se passer. On pourrait vous proposer de venir faire un stage dans les juridictions. Vous y rencontreriez les juges des tribunaux de grande instance et ils vous diraient qu'il est parfaitement possible de statuer en quarante-huit heures sur une demande de référé. Le juge du référé, c'est celui de l'urgence, le juge de l'évidence. Allez dans vos circonscriptions mais je vous invite aussi dans la mienne, à Castres ou à Albi, et le juge des référés vous dira qu'il est tout à fait possible, en quarante-huit heures, de prendre une ordonnance de référé !
Une question pour Mme la rapporteure ou Mme la ministre : lorsqu'une personne aura saisi le juge des référés à propos d'une « infox », d'une fausse information, j'imagine qu'il lui sera notifié que le juge en a bien été saisi avant que la décision ne soit rendue sous quarante-huit heures. En l'occurrence, ce ne sont pas les juges qui sont en cause mais plutôt les candidats et candidates, les militants et militantes, pendant les campagnes électorales. Ce n'est pas votre ancien métier que je visais, mad...
Même si je comprends la philosophie de ces amendements, je leur donnerai un avis défavorable. L'intention de nuire est un critère extrêmement difficile à prouver. Par ailleurs, j'avais indiqué, lors de la première lecture, qu'il figurait déjà dans la procédure de référé, ce qui permet d'exclure clairement ceux qui n'ont pas agi de manière délibérée. Je préfère l'idée d'une action délibérée à celle d'une intention de nuire, qui est plus difficile à prouver. Je suis également défavorable à l'amendement de M. Éric Diard, car les termes « sciemment » et « délibérée » me semblent redondants. L'ajout du terme « sciemment » ne contribue pas à l'intelligibilité de l'ar...
Avis défavorable. Je comprends bien votre souci de protéger la liberté d'expression, monsieur Diard, mais il ne me semble pas possible, matériellement, de systématiser le recours à une formation collégiale. Par ailleurs, nous avons déjà un garde-fou important dans la loi, l'article 487 du code de procédure civile, qui dispose que le juge des référés a la faculté de renvoyer l'affaire en l'état de référé devant une formation collégiale, à une date qu'il fixe lui-même. Cet article permet, en cas de nécessité, de se prononcer en référé de manière collégiale.
Cet amendement tend à supprimer l'alinéa 14, relatif au juge des référés. Votre volonté d'épurer les débats publics des fausses informations qui pourraient y circuler est assez désolante à mes yeux, car elle traduit un terrible manque de confiance envers les électeurs. Ces derniers seraient, selon vous, incapables de faire le tri entre les différentes informations diffusées, alors qu'un juge des référés pourrait se prononcer en moins de quarante-huit heures ! Perme...
Avis défavorable. Je vous confirme les propos que j'ai tenus en commission. La définition de la fausse information avait un objectif, celui de mettre hors du jeu les opinions et les jugements de valeur. C'est la moindre des choses, si l'on veut garantir la liberté d'expression. S'agissant de la nécessité de recourir au juge des référés, je n'en dirai pas plus, car je me suis déjà exprimée à ce sujet tout à l'heure.
C'est un amendement de bon sens. Nous souhaitons que la décision rendue par le juge des référés le soit de manière collégiale, c'est-à-dire que l'affaire soit jugée par plusieurs juges siégeant et délibérant ensemble. Ce principe de collégialité présente plusieurs garanties, tant pour les magistrats que pour les justiciables. D'une part, la collégialité permet au magistrat de se former et d'enrichir sa réflexion au contact de ses collègues. Elle lui assure par ailleurs une protection qui g...
Laisser à un juge des référés unique le soin de statuer sur la qualification d'une fausse information – un exercice qui, quoi qu'on en dise, est assez complexe – en seulement quarante-huit heures, semble très risqué. L'intervention d'une formation collégiale nous semblerait de nature à apporter davantage de garanties quant à la qualité du jugement.
Je voudrais aller dans le sens de Mme la rapporteure. Si le juge rend une décision en appel après le scrutin qui infirme le référé, ce ne serait plus simplement la sincérité du scrutin qui serait remise en cause et ce serait extrêmement grave ! Même si nous ne sommes pas favorables à ce dispositif, il est très important d'en mesurer la portée dès ce soir.
Je me souviens que, en première lecture, Mme Le Pen, par une démonstration fantastique, nous avait expliqué comment la procédure en diffamation qu'elle avait introduite était arrivée bien trop tard, ce qui l'avait empêchée d'être rétablie dans ses droits au moment de l'élection. C'est pour cette raison qu'a été introduite une procédure devant le juge des référés, et la possibilité d'interjeter appel pour contester le jugement. Les explications fournies par Mme la rapporteure et Mme la ministre suffisent à démontrer que le système est sécurisé. Aussi notre groupe votera-t-il le sous-amendement et l'amendement.
Cette procédure permettra d'apporter une réponse rapide pour ne pas remettre en cause le résultat de l'élection. Le délai classique d'une ordonnance de référé est de quinze jours. En l'espèce, on le limite à quarante-huit heures pour ne pas se heurter aux difficultés que vous avez soulevées. Les mesures que vous avez prises permettent de réagir très rapidement, aussi bien en première instance qu'en appel.
La nouvelle procédure de référé introduite à l'article L. 163-2 du code électoral vise les fausses informations diffusées par le biais d'un « service de communication au public en ligne ». La notion de service de communication au public en ligne est source d'ambiguïté s'agissant des services de presse en ligne. Plusieurs organismes ont critiqué cette disposition, en s'inquiétant du risque de détournement de cette procédure pou...