35 interventions trouvées.
Monsieur le président, monsieur le ministre de l'intérieur, mes chers collègues, après plus de deux ans de travaux menés par le groupe d'études transpartisan consacré à l'antisémitisme, que je préside, et accompagné de mes 130 collègues cosignataires, j'ai l'honneur de vous présenter une proposition de résolution visant à lutter contre l'antisémitisme. Les sociétés occidentales connaissent le poison d'un antisémitisme qui s'est enraciné durant des siècles, jusqu'à devenir un préjugé ancré dans l'esprit des individus. Cet antisémitisme pluriséculaire, nos sociétés ont choisi de...
L'antisémitisme est une haine caractérisée par trois éléments : elle est multiséculaire, génocidaire, mais aussi protéiforme. Parce qu'elle se réinvente sans cesse, il faut constamment trouver de nouveaux moyens de la combattre. Or les nouvelles expressions de l'antisémitisme ont toutes un point commun : elles avancent à force de dissimulation, prétendant utiliser d'autres mots et d'autres concepts – tout comme,...
... érigé les libertés d'expression et d'opinion au rang des valeurs les plus fondamentales de la République, mais la haine de l'autre n'est pas une opinion. Une insulte antisémite ne doit pas être vue comme une preuve d'indépendance d'esprit, mais seulement d'ignorance. Notre résolution vise à éduquer, à instruire et à offrir une définition sur laquelle les professeurs s'appuieront pour expliquer l'antisémitisme aux nouvelles générations, afin de leur apprendre où s'arrête la critique argumentée et où commencent l'insulte et le délit. En revanche, notre proposition de résolution ne vise en aucun cas à hiérarchiser les discriminations ou les haines.
...de créer une mission d'information consacrée à l'évolution des différentes formes de racisme et de discrimination existant aujourd'hui dans notre pays. Pour ma part, je crois au pouvoir des mots et à l'éducation, et je pense que c'est en nommant les choses qu'on peut transmettre leur sens et faire grandir l'humanité. Aussi la représentation nationale se doit-elle de mettre des mots sur le nouvel antisémitisme. Par ce texte, il ne s'agit ni de diviser, ni de stigmatiser, mais au contraire de nous rassembler pour faire corps avec nos principes républicains fondamentaux : la liberté, l'égalité, la fraternité. Il s'agit de proclamer haut et fort notre fraternité universelle pour mieux lutter contre l'antisémitisme. Comme ses partenaires européens, la France doit s'honorer de graver dans le marbre cette dé...
...nsulte, les propos haineux et la menace contre le passant, l'enfant qui porte la kippa ou encore l'intellectuel dénoncé comme juif dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Elle s'exerce dans les théories du complot, les atteintes aux biens, les dégradations, les profanations de lieux de culte et de cimetières – malheureusement, elle s'est encore exprimée aujourd'hui dans le Bas-Rhin. En France, l'antisémitisme harcèle, agresse ; il a torturé, il a tué. Nous le pensions vaincu au lendemain de la seconde guerre mondiale, mais il n'en est rien. Les chiffres, glaçants, sont connus : les actes antisémites ont augmenté de plus de 74 % en France en 2018. Tel est le triste bilan dressé par les statistiques officielles du ministère de l'intérieur et par la Commission nationale consultative des droits de l'homme...
Si l'antisémitisme ancien a subsisté dans notre pays, comme ailleurs en Europe, force est de constater que de nouvelles formes d'antisémitisme sont apparues. Ainsi, cet antisémitisme, qui ne dit pas son nom, met en avant des considérations politiques et idéologiques liées à la situation internationale, en l'occurrence à la situation au Proche-Orient et à un conflit à l'étranger – un conflit qui dure depuis trop lo...
Cet antisémitisme, qui tire aujourd'hui sa source d'une idéologie islamiste radicale, d'une idéologie djihadiste et conquérante, mue par la haine des Juifs, remet en cause le droit même d'Israël à exister en tant qu'État et souhaite son anéantissement. Cet antisémitisme, né au XXe siècle et avançant la plupart du temps sous le masque de l'antisionisme, ne saurait nous laisser indifférents ou démunis. Nous devons ...
...ion de cette définition de travail ne saurait bien évidemment en rien limiter la critique à l'encontre de la politique d'un gouvernement ou d'un État – d'ailleurs, nul ne s'en prive. Je conclus, monsieur le président, en réaffirmant l'engagement résolu du groupe Les Républicains à voter en faveur de cette proposition de résolution, l'engagement résolu de notre famille politique à lutter contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, comme d'ailleurs contre toute forme de racisme et de haine des autres.
...tre les individus de pays, d'opinions ou de confessions différentes est l'idéal qu'a toujours poursuivi ma famille politique et nous savons combien les sujets religieux ou identitaires viennent parfois en compromettre la réalisation. Le groupe Mouvement démocrate et apparentés se sent totalement solidaire de ce combat. Il a même été la raison de l'engagement politique de beaucoup d'entre nous. L'antisémitisme, comme toutes les formes de racisme, n'a pas sa place dans notre République : il faut le réaffirmer autant que nécessaire. Car si la démocratie a un ennemi, c'est bien dans le camp du fanatisme, de l'intégrisme et de l'ignorance que celui-ci trouve ses plus grandes forces. C'est pourquoi notre République a très tôt compris l'enjeu que l'instruction représentait pour elle, car c'est l'instruction ...
Vous savez bien les controverses que suscite la définition que vous nous proposez d'adopter. Si nous ne sommes pas dupes du fait qu'elle est largement alimentée par des groupes dont les intentions sont tout sauf innocentes, nous voyons aussi les limites qu'elle imposerait à l'usage. Alors que l'on veut que l'antisémitisme soit combattu dans toutes ses dimensions, en donner une telle définition limiterait forcément la portée de cette lutte. Il faut se rendre à l'évidence, disais-je, il n'y a pas de consensus sur cette proposition de résolution qui échoue à atteindre le but qu'elle se fixe : rassembler. Alors que nous connaissons la fragilité de notre corps social, ses crispations et ses passions, il nous revient e...
...nstrumentalisation dangereuse dont notre pays n'a vraiment pas besoin. Bien qu'elle ait été expurgée des éléments qui avaient déclenché nombre de réactions et une inquiétude légitime sur ses objectifs, le doute que vous avez semé persiste, et vous prenez la responsabilité d'exalter des antagonismes. Car, au fond, cette proposition de résolution tente d'assimiler deux concepts bien différents : l'antisémitisme, facette insupportable d'un racisme devenu banalement quotidien, et l'antisionisme, dont nous voyons bien que, s'il peut lui arriver de servir des objectifs critiquables, il ne peut être ainsi stigmatisé et considéré comme un délit.
… et que tenter de criminaliser des prises de position sous prétexte qu'elles puissent porter en elles les germes d'un racisme ou d'un antisémitisme latent n'est ni historiquement ni politiquement juste. La tentative d'assimiler la critique de la politique conduite par un État, en l'occurrence Israël, et non pas celle de l'État lui-même, à une forme moderne et déguisée d'un antisémitisme malheureusement toujours vivant nous choque profondément, comme je crois qu'elle choque tous les humanistes, toutes les femmes et les hommes engagés sincère...
La politique française de lutte contre l'antisémitisme est un échec, dont témoignent l'explosion des actes antisémites et les douze Français assassinés depuis 2003, parce que juifs. Les juifs subissent 50 % des actes racistes alors qu'ils ne représentent que 1 % de la population. Face à l'urgence, on entend beaucoup de discours, mais il y a très peu d'actes. La compassion est bien là, mais le manque de courage politique aussi. En témoigne le report,...
... à abattre – toujours les mêmes fantasmes d'argent, de pouvoir, de perversion. L'affaire Dreyfus a ensuite opposé deux France. « Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race », s'écriait Maurice Barrès. Face à l'hystérie antisémite, c'est ici, à Paris, qu'un jeune correspondant de presse juif autrichien, Theodor Herzl, est arrivé à la conclusion que, pour résoudre le problème de l'antisémitisme, il fallait créer un État juif. Ce fut la naissance du sionisme moderne, ce rêve deux fois millénaire des juifs de revenir sur la terre de leurs ancêtres.
Les antisionistes perçoivent l'État d'Israël comme une compensation de la Shoah. C'est à la fois obscène et faux. En revanche, je suis absolument convaincu que, si l'État d'Israël avait existé, il n'y aurait jamais eu la Shoah : Israël est l'unique certificat d'assurance-vie du peuple juif. Malgré la Shoah, l'antisémitisme a persisté après-guerre, porté par les nostalgiques de Pétain et l'extrême droite du « point de détail », du « Durafour crématoire » et du négationnisme de Robert Faurisson. En 1967 éclate la guerre des Six Jours, au cours de laquelle Israël écrase ses voisins qui promettaient de jeter les juifs à la mer.
Les perceptions évoluent, comme, hélas ! notre politique étrangère : ceux-là mêmes qui exprimaient compassion et pitié pour les juifs en pyjamas rayés se mettent à les haïr quand ils se défendent libres, les armes à la main, en uniforme de Tsahal ! C'est le début du nouvel antisémitisme, l'antisionisme. L'antisionisme n'a jamais été la simple critique de la politique de l'État d'Israël, qui peut être légitime : il est sa diabolisation obsessionnelle, le détournement des rhétoriques antiracistes et anticolonialistes pour refuser aux juifs une identité nationale. Par ce biais, on drape l'antisémitisme d'une parure politiquement correcte. Souvenez-vous : dès les années 1970, des ...
...ait pas de haine ; seulement de la dignité. Alain Juppé était assis à côté de moi, les larmes aux yeux, très ému lui aussi. Jamais je n'oublierai non plus ces appels à l'aide de William Attal, le frère de Sarah Halimi, ni ceux d'Allan et Daniel Knoll, qui sont venus me voir lorsque leur mère – qu'on appelait alors Mireille K. – , après avoir survécu à la rafle du Vél' d'Hiv, a succombé au nouvel antisémitisme des quartiers. Permettez-moi de citer aussi Sébastien Selam, disc jockey trop souvent oublié, Ilan Halimi, ainsi que François-Michel Saada, Philippe Braham, Yoav Hattab, et Yohan Cohen, assassinés à l'Hyper Cacher de Vincennes. Tous sont victimes du nouvel antisémitisme qui gangrène notre République. Réveillez-vous ! Depuis l'affaire Dreyfus, le combat contre l'antisémitisme coïncide en France a...
Je vous demande une minute, monsieur le président. C'est pourquoi la bataille contre l'antisionisme ne concerne pas seulement les juifs : elle touche aux valeurs de notre République. Un geste fort contre l'antisémitisme eût été d'inscrire l'antisionisme dans le code pénal. Il manque cependant aujourd'hui, pour cela, le courage politique et, disons-le, une certaine idée de la France. L'adoption de la présente proposition de résolution représentera, je l'espère, un petit pas vers l'avenir et, peut-être un espoir de réconciliation. Quel que soit votre vote, il constituera en tout cas un signal. Le groupe UDI, Agir...
...20 ans. Yoav Hattab, 21 ans. François-Michel Saada, 64 ans. Sarah Halimi, 65 ans. Mireille Knoll, 80 ans. Onze juifs. Onze Français de confession juive, tués en France parce que juifs, entre 2006 et 2018. Tués par d'autres Français soumis, pour la plupart, à l'idéologie islamiste. Notre pays est malheureusement, et de loin, celui qui déplore le plus grand nombre de victimes de la nouvelle vague d'antisémitisme qui touche l'Europe. La France n'est pas un pays antisémite, mais il y a en France des antisémites. Surtout, la France a un problème avec son antisémitisme : elle ne veut, en fait, ni le voir, ni l'admettre, ni le traiter, ni l'affronter réellement. Des choses sont faites, mais c'est visiblement loin d'être suffisant, car le cancer de l'antisémitisme est toujours là. Après chaque acte antisémit...