Les amendements de Gilles Le Gendre pour ce dossier

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Au nom du groupe La République en marche, je tiens à dire que chacun aujourd'hui, dans cet hémicycle et jusque dans les profondeurs de nos territoires, a conscience que nous vivons un moment critique.

Il n'est pas critique pour le Président de la République, ni pour le Gouvernement ou pour la majorité, solidement unis derrière le chef de l'État.,

…et paralysée par l'anxiété légitime de nos concitoyens face à un monde dont nous tous, responsables de leur destin, sommes encore incapables…

Ce moment critique, les Français ne comprendraient pas que nous n'en saisissions pas tout le sens ni que nous ne nous mettions pas immédiatement à leur service pour aider à sa résolution, sans nous abîmer dans les querelles politiciennes qui contribuent à notre discrédit collectif et alimentent leur colère.

Le renouveau démocratique de notre pays, sans cesse repoussé, c'est ici, et non dans les manifestations, qu'il doit puiser ses ferments. Monsieur le Premier ministre, comme vous l'avez rappelé, le pays est confronté depuis plusieurs semaines à l'expression d'une colère qui vient de loin.

Nous ne nous déroberons jamais à nos responsabilités. Les Français nous ont confié la double mission de réparer le pays pour faire reculer leur colère et de préparer son avenir pour calmer leur anxiété.

C'est une tâche immense, comme nous le savions dès le premier jour, et qui nous oblige aujourd'hui à assumer un passif trop longtemps refoulé, mais aussi une mission exaltante de transformation, telle qu'aucun pouvoir n'en avait conduite depuis plus de trente ans et à laquelle rien, absolument rien, ne nous fera renoncer.

Cette colère est celle de la France des territoires qui se sentent oubliés, de cette France invisible décrite par Pierre Rosanvallon. Elle est celle d'une France qui, depuis plusieurs décennies, n'est ni montrée, ni nommée, ni valorisée, celle d'une France qui se sent aujourd'hui dénigrée, reléguée, oubliée.

Cette colère est celle d'une France méritante, courageuse et volontaire, qui travaille et pour laquelle chaque euro compte. Cette France-là, mes chers collègues, nous ne la découvrons pas. Personne ici, sur l'ensemble de ces bancs, ne peut feindre de la découvrir.

Il y a plus de vingt ans déjà, était dénoncée la « fracture sociale » qui menaçait de gangrener notre pays. Depuis, nombre d'entre vous, ici présents, et d'autres, toujours engagés en politique, ont gouverné à plusieurs reprises, membres de majorités de droite ou de gauche, avec un dévouement que personne n'est fondé à mettre en doute. Mais au...

Nous ne sommes pas, pour l'essentiel, des professionnels de la politique. La colère des Français, nous l'avons non seulement entendue et écoutée mais, pour beaucoup d'entre nous, nous la ressentions, …

… comme simples citoyens ou dans nos vies professionnelles d'employés, d'infirmières, de travailleurs sociaux, d'enseignants, de militants associatifs, d'agents publics, de médecins, d'artisans ou de cadres, d'entrepreneurs.

Notre mouvement politique est même né de cette colère, et non pas, à l'inverse de certains, pour l'exploiter ou pour en faire grossir notre capital électoral.

Les Français sont lassés des petites défaites et des grandes lâchetés qui ont conduit au déclassement – le déclassement du pays sur la scène internationale et le déclassement individuel d'un nombre croissant de ses habitants.