Le logement social, au bénéfice duquel peuvent prétendre 70 % des Français, a été asséché par des ponctions financières assimilables à un véritable racket, alors que ses acteurs ont fait la démonstration de leurs engagements dans la rénovation thermique.
Voilà le contexte dans lequel se situe votre projet de loi. Ce bilan, vous le revendiquez, en libéraux pragmatiques que vous êtes, toujours à l'affût de nouveaux marchés à ouvrir. Bruno Le Maire doit être le plus content des ministres. Vous ne prévoyez pas de régulation, pas de contrepartie autre que le bon vouloir des entreprises car, pour vous, c'est le consommateur qui doit être responsabilisé et donc culpabilisé.
Alors, que reste-t-il de votre projet de loi ? Des mesures anecdotiques. Vous voulez supprimer les avions tractant des publicités alors que c'est d'une taxe consolidée sur les billets de première classe qu'il faudrait discuter. Vous envisagez de mettre en place un tirage au sort d'usagers pour siéger dans les comités de lignes de transport collectif quand il s'agirait de mettre en place un taux de TVA réduit à 5,5 % sur les billets de train comme le réclament les associations d'usagers.
Qu'y a-t-il encore dans votre texte ? Ce sont des expérimentations qui viennent se superposer à d'autres : vous voulez interdire la distribution de publicités sur papier à domicile avec un dispositif « Oui pub » venant s'ajouter à « Stop pub », alors que c'est un cadrage rigoureux et indépendant des lobbies de la pub qu'il conviendrait d'imposer dans les médias. C'est la mise en place de menus végétariens quotidiens dans les écoles alors que l'expérimentation hebdomadaire, qui fait encore débat, ne peut être évaluée et qu'il faudrait renforcer le soutien financier, technique et humain en faveur des collectivités pour garantir un saut alimentaire qualitatif. C'est encore la transmission par l'État de quelques patates chaudes aux élus de proximité : pourquoi imposer aux commerçants une police des vitrines et épargner les supports énergivores qui prolifèrent ? Pourquoi multiplier le recours à de lourdes études d'urbanisme payantes sans les accompagner d'une assistance technique ou d'aides financières de l'État ? Fait encore plus grave, rien n'est prévu pour accompagner les ménages : pas de prêt à taux zéro pour les ménages modestes amenés à acheter une voiture moins polluante, pas de révision de la tarification sociale nationale de la SNCF pour la rendre plus attractive, pas de reste à charge zéro pour la réhabilitation thermique des logements des propriétaires occupants modestes ou très modestes, pas de soutien financier à une alimentation de qualité pour tous.
Évoquons enfin tous ces engagements majeurs tronqués ou différés : l'interdiction de louer des passoires thermiques est reportée à 2028 sans qu'il y ait d'obligation anticipée pour les propriétaires bailleurs indélicats ; la fin de l'avantage fiscal pour les poids lourds est prévue à l'horizon 2030 sans qu'aucune mesure immédiate ne rétablisse un tant soit peu l'équité avec le fret ferroviaire ; l'interdiction de la publicité se limite aux énergies fossiles alors qu'elle devrait être étendue aux produits finis les plus polluants ; l'interdiction d'installation de surfaces commerciales en périphérie ne concerne que celles de 10 000 mètres carrés, un critère extensif totalement inefficace quand, pour lutter véritablement contre l'artificialisation des sols et préserver les petits commerces de proximité, il faudrait s'attaquer à l'e-commerce.
Finalement, nous examinons un projet de loi décapité des propositions fortes de la Convention citoyenne, réécrit en permanence par le Gouvernement et sa majorité, sous l'éclairage minimum de missions flash précipitées, expurgé de tout amendement portant sur des ambitions sociales et écologiques fortes, sur les moyens à déployer pour les atteindre et amputé de tout débat les concernant.
Dans ces conditions, les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine s'engagent dans la discussion avec la ferme intention de faire obstacle aux dispositions de cette loi qui créeraient des ruptures sociales ou écologiques ou viendraient accentuer celles qui font déjà rage dans le pays.