Nous voici dans l'hémicycle, après deux semaines de travaux intenses au sein de la commission spéciale, pour débattre d'une cause qui nous mobilise tous : la bataille contre le dérèglement climatique. Cet enjeu intéresse tous les députés du groupe Les Républicains, qu'ils fassent ou non partie de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, qui aurait d'ailleurs pu examiner elle-même le présent projet de loi.
Le changement climatique est encore plus prégnant et personnel pour celles et ceux d'entre nous qui travaillent la terre, que ce soit le vigneron d'Arbois que je suis ou l'éleveur du Cantal qu'est notre collègue Jean-Yves Bony ; le dérèglement climatique est une réalité concrète que nous observons tous les jours.
Le respect de la nature et le souci de la protéger constituent des engagements anciens de notre famille politique ; ils forment même son ADN. Ainsi, en 1971, le gaulliste Robert Poujade fut le premier des ministres de l'environnement, sous l'autorité du président Georges Pompidou, – avant M. René Dumont, madame la ministre – à prendre des mesures audacieuses telles que la création du Conservatoire du littoral, pour ne citer que celle-ci. Il s'agissait d'un premier socle, sur lequel allaient s'appuyer plus tard les présidents Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Je pense par exemple à la Charte de l'environnement, inscrite dans le préambule de la Constitution, ou au Grenelle de l'environnement.
Malheureusement, leurs successeurs ne pourront pas arguer d'un tel bilan, les travers de la communication ayant souvent pris le pas sur l'action. N'osant pas sortir de l'ambiguïté, par peur de déplaire, ils n'ont pas eu le courage de trancher entre deux lignes philosophiques majeures inconciliables : la décroissance, que nous rejetons avec force, et la croissance verte et durable que nous défendons.
Ce numéro d'équilibriste permanent s'est traduit, ces dernières années, par la multiplication des textes d'affichage : la loi ÉGALIM, la loi ÉLAN, celle sur l'énergie et le climat, la loi d'orientation des mobilités, la loi sur l'économie circulaire et, demain, l'éventuelle modification de la Constitution. Ces textes s'additionnent, se contredisent, se superposent. Pour quels résultats ? Alors même que les dispositions des lois précitées ne sont pas encore en vigueur, il nous est déjà demandé d'examiner un nouveau projet de loi. Quel aveu d'échec !
À cet égard, les débats en commission ont été révélateurs. Quel bilan pouvons-nous en dresser, après vingt-neuf réunions de la commission spéciale ? Les sujets majeurs concernant l'avenir de la planète sont absents de ce texte, malgré les propositions des différents groupes politiques ; l'appréciation stricte, pour ne pas dire sévère, des règles d'irrecevabilité a muselé une partie des débats.
Il n'y a rien, par exemple, ni sur la politique maritime ni sur les forêts qui représentent pourtant une solution de stockage du carbone et sont créatrices d'emplois ; rien non plus en matière de pollution numérique, domaine dans lequel nous aurions aimé défendre une stratégie de relocalisation des data centers ; rien concernant le cadre de vie ou les paysages, pourtant souvent menacés.
Prenons l'exemple des éoliennes, sujet cher à notre collègue Julien Aubert : les mâts, largement subventionnés, défigurent les territoires pour une efficacité très relative. Les membres du groupe Les Républicains le disent clairement : nous voulons un moratoire sur les implantations d'éoliennes.